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Inquiétudes sur le devenir de certains services de l’Association Valentin Haüy

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Le plan de sauvegarde de l’emploi annoncé le 24 mars à l’Association Valentin Haüy prévoit la suppression de 31 postes. Une situation qui inquiète les salariés et les usagers, tandis que les responsables de l’organisation expliquent la nécessité d’adapter leurs services.

Le 8 juin, quelque 200 personnes, salariés et usagers de l’Association Valentin Haüy (AVH), se sont mobilisées pour protester contre le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé le 24 mars dernier lors d’un comité central d’entreprise (CCE) de cette organisation qui œuvre dans le champ des services aux personnes aveugles et malvoyantes. Une semaine auparavant, 145 salariés avaient voté à 97,2 % la motion de défiance à l’égard du projet de réorganisation présenté par la direction aux instances représentatives du personnel, explique Carole Foucart, déléguée syndicale CFTC. Le PSE prévoit la suppression de 31 postes, dans différents services et cinq comités régionaux. « Il est notamment prévu de supprimer le service d’audiodescription, plusieurs postes à la médiathèque, le service culture et loisirs du comité Paris-Ile-de-France, un poste d’instructrice en locomotion », énumère Carole Foucart. Des orientations qui suscitent des réactions au-delà des murs de l’AVH, comme en témoigne un communiqué de l’Association des instructeurs de locomotion pour personnes déficientes visuelles (AILDV). Celle-ci s’inquiète pour les professionnels concernés et aussi « pour les usagers bénéficiaires des services de l’association, laquelle constitue une figure majeure du paysage de la déficience visuelle ». L’AILDV pointe en particulier le comité parisien, qui « dispose tant sur le plan des loisirs que sur le plan des rééducations d’une offre unique en Ile-de-France ». Dans un communiqué diffusé le 7 juin, la Fédération des aveugles et amblyopes de France et la Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes (CFPSAA) se sont déclarées « préoccupées par les événements » qui se déroulent à l’AVH, « concernant particulièrement ses personnels et ses usagers ». Elles ont fait part de leur souhait qu’au-delà des difficultés actuelles, « les grands services rendus aux déficients visuels puissent être maintenus et développés ».

31 suppressions de postes

Un point sur lequel le secrétaire général de l’AVH, Bernard Serre, se veut rassurant, en précisant qu’il n’y aurait « pas de modifications sur la mission et les objectifs » de l’association. S’il ne dément pas les 31 suppressions de postes, il réfute en revanche le nombre de 26 licenciements économiques avancé par l’intersyndicale, dont près d’un tiers toucherait des salariés handicapés. « Les suppressions de postes font l’objet de négociations avec les partenaires sociaux et ce n’est qu’à l’issue de ces négociations, prévue pour mi-octobre, et des discussions sur les possibilités de reclassement que nous pourrons définir s’il y a des licenciements ». Il justifie en outre le projet de transformation – et le PSE associé – par le fait qu’il doit permettre d’« adapter les services que peut apporter l’AVH aux besoins actuels de [ses] bénéficiaires ».Citant l’exemple de l’imprimerie, service concerné par des suppressions de postes, il explique qu’il « s’agit d’adapter le mode de production et de prendre en considération la baisse de la lecture en braille [sur support papier] et la prééminence progressive du numérique. Mais il n’a jamais été question d’abandonner le braille ».

Autre élément avancé pour justifier le PSE : un environnement économique de plus en plus contraint et le « déficit chronique » de l’association, qui s’est élevé à 3 millions d’euros en 2016. L’argument financier passe mal auprès des salariés : « En 2012, au moment de la création de la Fondation Valentin Haüy, celle-ci a récupéré environ 80 % du patrimoine de l’association. Et aujourd’hui, la fondation ne souhaite plus financer l’association », dénonce Carole Foucart. Dans l’une de ses trois lettres ouvertes « aux acteurs de l’AVH », l’intersyndicale juge que cette répartition relève d’un choix « inhabituel » : « Il est généralement pensé de façon inverse afin de ne pas affaiblir l’association sur qui se reporte l’ensemble de l’opérationnel ». Selon les organisations syndicales, quatre ans après sa création, « la fondation n’a donné que bien peu au profit de l’association ».

Transfert d’activités

Là encore, Bernard Serre s’inscrit en faux : « La fondation a non seulement alimenté l’association, conformément à ses dispositions statutaires et conventionnelles, mais elle a même apporté le double de l’engagement conventionnel. » Il n’a cependant pas voulu préciser le montant de cet apport, qui avait permis à l’association de « réduire de manière sensible son déficit » : il juge que l’information n’est pas « significative », car elle est à remettre en perspective d’un montage financier plus complexe (certaines activités de l’association ont par exemple été transférées vers la fondation). « Notre projet économique doit conduire à la réhabilitation de résultats équilibrés à l’horizon 2020 », ajoute le secrétaire général de l’AVH.

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