Visite auprès des « exclus de chez les exclus »

« Par vous, je redeviens une personne. J’abandonne cet horrible numéro qui me suit partout, toujours. » Détenue à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), Jacqueline raconte « les petits bonheurs » que sa visiteuse lui apporte durant son long séjour à l’hôpital pénitentiaire, ces « bouquets de sourires » qui vont l’aider à combattre les moments d’angoisse et de découragement, jusqu’à la prochaine rencontre.

Les Don Quichotte de l’espoir rassemble pour la première fois les témoignages des bénévoles des Petits Frères des pauvres et des personnes détenues que ceux-ci accompagnent depuis quinze ans au sein de cette prison. Des détenus qui souffrent de maladies graves et de handicaps sévères, des personnes âgées ou atteintes de troubles mentaux pour lesquelles « la peine n’a plus de sens ». Cette plongée dans le quotidien de ces vieilles personnes oubliées de tous, de ces détenus souffrant de cancer, de sclérose en plaques ou diminués par la maladie de Parkinson jette une lumière crue sur les conditions de vie de « ces exclus de chez les exclus » pour qui l’enfermement et la maladie, « c’est la double peine », comme l’explique un bénévole. Ces « Don Quichotte » font entrer un peu d’humanité et de chaleur dans un univers carcéral glacé. Ils recréent du lien par le biais d’une simple écoute bienveillante, d’une main posée sur le bras d’un septuagénaire atteint de la maladie d’Alzheimer, d’une parole qui ramène, pour un temps au moins, ces hommes et ces femmes dans le monde des vivants.

A l’origine de ce partenariat avec l’hôpital pénitentiaire de Fresnes, Philippe Le Pelley Fonteny revient sur l’insuffisance de la détection des maladies au sein des prisons françaises, due au manque de moyens humains et financiers, et appelle à une « réflexion éthique » pour que chaque acteur de la société civile défende « le “prendre soin” citoyen que mérite tout être humain, dont la dignité reste inaliénable ».