La pilule à avaler

C’est décidé… Kristin, la mère de Dora, adolescente atteinte d’un handicap mental, ne veut plus que sa fille se gave de médicaments qui l’assomment. Elle lui promet : « Plus de cachets »… Jusqu’à ce que la jeune fille, tout juste majeure et assoiffée de découvertes, débute une aventure sexuelle avec Peter, un commercial un brin pervers. Comment lui faire accepter de prendre une pilule contraceptive ? Si elle tombe enceinte, devra-t-elle avorter ou donner naissance à un enfant dont elle ne sera pas capable de s’occuper ? Tant de questions se posent aux parents : doivent-ils laisser leur enfant gagner son autonomie, quitte à ce qu’elle se mette en danger ? Tandis que Kristin et son mari Felix tentent en vain d’avoir un bébé, ils observent, médusés, la grossesse de leur fille handicapée. Ils essaient, sans effet, de nouer des contacts avec son amant plus que douteux. Dora est majeure… et consentante. Elle s’est elle-même jetée dans la gueule du loup et croit, à tort, que Peter l’aime, qu’il l’épousera même.

Adapté d’une pièce de théâtre, ce film germano-suisse questionne sous un angle nouveau la sexualité des personnes handicapées. Comme ses copains et ses parents, Dora veut être en couple. Pour elle, cela signifie une sexualité débridée qui l’expose à bien des menaces. Jusqu’à ce qu’émerge le véritable tabou de la sexualité et du handicap : la procréation. Les déclarations les mieux intentionnées des parents, des médecins et des travailleurs sociaux en faveur de l’autonomie et de l’égalité des personnes handicapées prennent alors souvent fin. Quid du bien de l’enfant pas encore né ? de l’impotence de la future mère ? du mépris du futur père ? des résistances des grands-parents, qui doivent envisager la possibilité d’avoir à élever un enfant handicapé de plus ? Original, dérangeant parfois, Dora ou Les névroses sexuelles de nos parents est interprété par Victoria Schulz, qui s’est glissée dans la peau d’une jeune handicapée avec une grande justesse.