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A l’ASE, « le handicap mental est souvent perçu comme secondaire »

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Psychologue clinicien, Grégory Degenaers vient de publier un ouvrage sur le travail social auprès des enfants avec handicap mental(1). L’occasion de faire le point sur les progrès réalisés en matière d’accompagnement de ce public, mais aussi sur les freins qui subsistent, notamment dans le champ de la protection de l’enfance.
Qui sont les principaux professionnels de l’action sociale à intervenir auprès des enfants avec handicap mental ?

Il y en a de multiples, mais ceux pour lesquels la formation et la sensibilisation sur cette problématique sont traditionnellement bien établies sont les éducateurs spécialisés et les aides médico-psychologiques (AMP). C’est même leur spécialité. Plus récemment, les animateurs sociaux et socio-éducatifs se sont ouverts aux spécificités du handicap, notamment du handicap mental, du fait de l’évolution du contenu de leur formation et parce qu’il y a une demande croissante de formations continues, à l’initiative le plus souvent des professionnels de terrain. Ces derniers manifestent de plus en plus une envie et une motivation pour connaître les outils de communication, notamment les méthodes à base de pictogrammes, qui ne sont pas récentes en elles-mêmes, mais qui ont tendance à être diffusées plus massivement. D’autres demandes concernent aussi la mise en place d’ateliers éducatifs adaptés.

Qu’en est-il dans les services de protection de l’enfance ?

Les professionnels les plus investis sont les TISF [techniciens de l’intervention sociale et familiale] qui ont un rôle de prévention important par le soutien qu’ils apportent à domicile aux enfants et aux parents. Leur intervention peut notamment permettre d’apporter aux enfants des milieux défavorisés une stimulation intellectuelle, dont le manque ou l’absence peut être à l’origine de troubles chez l’enfant et de retard du développement.

Un rapport assez récent du défenseur des droits (2015) a cependant révélé que les enfants en situation de handicap pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) étaient très mal recensés, les qualifiant d’enfants « invisibles »(2). On ne dispose que de quelques données parcellaires émanant de certains départements. Si on se base sur leurs estimations, entre 13 % et 20 % des enfants relevant de l’ASE sont concernés par le handicap, avec une importante prévalence des handicaps psychique et mental, souvent associés à des troubles du comportement. Or ces troubles doivent être correctement évalués et caractérisés, pour que les enfants concernés puissent bénéficier de soins et d’un accompagnement adaptés.

Quels sont les freins ?

Il y a une réelle difficulté à traiter le handicap à hauteur de la problématique sociale, le premier est souvent perçu comme secondaire par les services de protection de l’enfance. Par ailleurs, les enfants en situation de handicap pâtissent du manque de coordination des acteurs, qui conduit à un morcellement des parcours et de la prise en charge. Et si des propositions ont été faites pour améliorer cette situation, elles n’ont pas été formalisées et ne sont pas appliquées. C’est le cas, par exemple, de la mise en place de fiches de liaison entre la MDPH [maison départementale des personnes handicapées] et l’ASE. Ou encore le fait de mieux traiter l’item du handicap au niveau administratif (ce n’est pas prévu dans les fiches de renseignement) afin de mieux le dépister. La question du handicap n’est pas traitée dans l’outil national des informations préoccupantes, elle n’est pas considérée à la hauteur de l’importance qu’elle devrait avoir.

Où en est-on sur le plan de la scolarisation ?

Le nombre d’enfants avec handicap mental scolarisés en milieu ordinaire s’est considérablement accru (il a doublé entre 2006 et 2015) et l’encadrement par les auxiliaires de vie scolaire (AVS) a lui aussi progressé, même s’il peine encore à suivre. En revanche, il y a un réel déficit de formation, à la fois initiale et continue, des enseignants par rapport au handicap, alors qu’il s’agit d’un enjeu majeur de l’intégration de ces enfants. Il y a eu des moyens accordés pour l’accompagnement individualisé, notamment la mise à disposition d’AVS, mais la question qui se pose aujourd’hui est celle de la capacité pour les enseignants de proposer des outils pédagogiques adaptés(3).

Notes

(1) « Le travail social auprès des enfants avec handicap mental » – Editions ASH – Mai 2017.

(2) Voir ASH n° 2934 du 20-11-15, p. 5, et notre décryptage dans les ASH n° 2965 du 17-06-16, p. 34.

(3) Voir dans ce numéro, p. 22, notre décryptage sur la scolarisation des enfants polyhandicapés.

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