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Une vision du social au service des formations

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Président de l’Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis) depuis juin 2016, Denis Vallance, qui a mené une grande partie de sa carrière au sein d’un conseil départemental, entend renforcer le dialogue entre les acteurs de la formation et les collectivités, et ouvrir l’organisation à l’international.

Toutes les expériences, ou presque, qui ont construit le parcours de Denis Vallance sont ancrées en Meurthe-et-Moselle, le berceau de sa famille « de paysans », souligne-t-il. Son premier engagement, il le prend à 17 ans, dans son village de Goviller (400 habitants). Il y crée un foyer rural, inspiré par l’esprit de l’éducation populaire, « le mouvement le plus proche des valeurs que je défends », précise-t-il. Déjà, il a la conviction que « rêver ne suffit pas » et préfère « agir tout de suite », une dynamique que l’on retrouve dans sa franche poignée de main et son débit de parole rapide. A chaque nouvel engagement, il mettra en pratique cette devise : « Se fixer des caps, et, dans le même temps, s’engager au quotidien ». Diplôme d’ingénieur topographe suivi d’un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) « Aménagement et urbanisme » en poche, il part faire, en 1984, son service national comme coopérant au Sénégal. Il y reste finalement quatre ans, « tellement le projet était fabuleux ! », dépassant largement la question initiale de l’approvisionnement en eau. Denis Vallance y apprend les bases de « la vraie participation des habitants », celle qui « va de pair avec la formation pour que chacun soit apte à agir », sans oublier le wolof, qu’il parle encore aujourd’hui couramment.

La rencontre d’une vie

De retour en France, il occupe pendant quelques mois, sans passion, un poste d’ingénieur, jusqu’au jour où, en 1988, un de ses très proches amis le met sur la route de celui qu’il accompagnera pendant 26 ans, Michel Dinet (1948-2014). Celui-ci vient tout juste d’être élu député de Meurthe-et-Moselle alors qu’il travaille aux fondements de l’intercommunalité rurale avec la création du Pays de Colombey. Le tandem Dinet-Vallance est né. Denis Vallance ne craint pas de qualifier leur rencontre de « vrai coup de foudre ». Développant « une pensée commune », Denis Vallance devient le directeur général des services (DGS) de Michel Dinet au Pays de Colombey-les-Belles et du Sud Toulois(1), puis le suit au conseil général de Meurthe-et-Moselle dont Michel Dinet prend la présidence en 1998. Quand on interroge Denis Vallance sur son rôle de bras droit, il préfère le terme de « pendant ». « Michel Dinet étant très pris à Paris par ses engagements nationaux, je déclinais dans la maison ses intentions politiques », explique-t-il. Ce qui ne signifie pas que son rôle était strictement local. Il est ainsi intervenu « en coulisses » dans les multiples travaux de Michel Dinet, qui a, notamment, participé à l’élaboration du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale (2013-2017) et a été le président de l’Observatoire national de l’action sociale. En 26 ans, assure Denis Vallance, pas une dispute n’est venue émailler cette belle alchimie, « ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’intenses débats ! ». Et contrairement à ce que pourrait laisser supposer le lien de subordination qui liait les deux hommes, Denis Vallance a su imposer ses choix face à la personnalité affirmée de son président. Ainsi, il refusa dans un premier temps le poste de DGS du département, préférant s’aguerrir en tant que DGA, définissant lui-même son poste, soit « DGA sans service, au projet du département, à la transversalité et à la participation ». Tout un programme.

A l’échelle de l’intercommunalité comme à celle du département, le tandem Dinet-Vallance poursuit un objectif : le développement local. « Un développement qui englobe toutes les dimensions du territoire et qui s’appuie davantage sur les habitants que sur les méthodes ou les techniques », précise Denis Vallance. Et concrètement, cela donne quoi ? « Un exemple parmi d’autres, celui de la maison d’accueil rural pour les personnes âgées (MARPA) du Pays de Colombey-les-Belles », cite Denis Vallance, « les habitants nous disaient “nous avons besoin d’une maison de retraite”. Nous leur avons répondu : “d’accord, mais construisons avec vous le projet de cet établissement” ». A l’échelle du département, le tandem s’emploie à « inscrire les solidarités dans toutes les politiques publiques ». Et les projets fleuriront ! Dans cette démarche, les travailleurs sociaux ont une place centrale. « Je les perçois comme des experts des politiques publiques car ils sont au contact direct avec la population », explique Denis Vallance, qui veillait à « ne pas les enfermer dans la bulle du social » en les inscrivant dans une organisation transversale. Ainsi, les travailleurs sociaux de Meurthe-et-Moselle dépendent d’un directeur territorial des services et non de la direction de l’action sociale du siège et ont l’occasion de croiser les autres corps de métier du département. Denis Vallance attendait de ses travailleurs sociaux qu’ils partagent leurs observations, « ce qui sous-entend de savoir gérer la question du secret professionnel comme de parler une langue commune ».

L’engagement avec l’Unaforis

Des collectivités territoriales à la présidence de l’Unaforis, il y a un texte(2), « L’action sociale : boulet financier ou renouveau de la solidarité ? », cosigné en 2012 par Denis Vallance dans le cadre de l’Association des directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des régions et des départements (ADGGC)(3). Ce texte eut un écho certain auprès de nombreux acteurs du secteur social. « Je n’avais rien lu de plus pertinent sur le social depuis une dizaine d’années ! C’est à cette occasion que j’ai repéré la personne et la personnalité de Denis Vallance », confie Pierre Gauthier, qui était alors le président de l’Unaforis. Quand, en 2016, se pose la question de sa succession, Pierre Gauthier propose le nom de Denis Vallance à son conseil d’administration. Ce dernier, qui a préféré renoncer à un poste fixe au sein de la fonction publique territoriale, vient alors de se lancer dans une activité de consultant(4) auprès des collectivités et de formateur sur les questions des stratégies territoriales, des solidarités et de la citoyenneté. Une nouvelle orientation qui lui permet « d’essaimer la pensée construite avec Michel Dinet » tout en lui laissant du temps pour un engagement associatif. « Même si je ne me sens pas un spécialiste de la question de la formation, je peux apporter à l’Unaforis une vision stratégique du social et mon expérience des collectivités. Avec la décentralisation, les acteurs de la formation ont besoin de dialoguer avec les régions et les départements », estime le nouveau président. Il se félicite d’avoir intégré une « équipe de taille réduite, certes, mais composée de spécialistes et à la tête d’un réseau extrêmement militant », dont il se voit, « avant tout comme l’animateur ». A un moment où les acteurs de la formation sont face à de nombreux défis, dont celui de la réarchitecture des diplômes, le nouveau président s’est fixé un objectif : « garantir dans chaque région un réseau d’établissements qui couvre tout le territoire et toute l’étendue des diplômes ». Il entend aussi ouvrir l’Unaforis à de nouveaux partenariats et à l’international : « Le travail social ne pouvant pas se réfléchir sans une ouverture sur le monde, au vu, notamment de l’impact de la mondialisation sur les plus fragiles. » La conférence européenne, co-organisée par l’Unaforis à Paris du 26 au 29 juin 2017(5), a été conçue dans cette perspective. « Cette rencontre nous permettra d’éclairer nos pratiques à la lumière des expériences des autres pays et elle nous aidera à intégrer la dimension internationale dans nos propres formations », estime Denis Vallance.

Dates clés

• 1989 DGS la communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois

• 1998 DGA du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle

• 2001 DGS du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle

• 2012 Publication de « L’action sociale : boulet financier ou renouveau de la solidarité ? »

• 2016 Elu président de l’Unaforis

Notes

(1) Devenu en 2001 la communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois.

(2) www.cg54.fr/fileadmin/Documents/Arborescence/ Actualites/2012/action_sociale_dg.pdf.

(3) Devenue en 2017 l’association Dirigeants grandes collectivités (DGC).

(4) Création, en 2015, de l’entreprise Territoires Citoyens Conseils.

(5) « Les formations en travail social en Europe : faire bouger les lignes pour un avenir durable » – Plus d’informations sur www.unaforis.eu.

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