Comme tout métier, celui d’éducateur spécialisé nécessite une formation. Il faut apprendre « à mener des entretiens, à analyser un comportement, à saisir des dispositifs, à écrire des rapports, à faire des bilans, à mener des ateliers », détaille Xavier Bouchereau, chef de service éducatif. Pour autant, la maîtrise de tous ces savoir-faire est insuffisante pour créer le lien. Il est de très bons techniciens qui se retrouvent en grande difficulté dans la relation. « Il y a forcément de soi dans l’acte d’éduquer et d’accompagner, du vécu, une expérience qui s’éprouve au contact des autres », souligne l’auteur. Autrement dit, si la posture éducative se nourrit de compétences techniques, encore faut-il que celles-ci « s’incarnent dans un professionnel suffisamment sécurisant », un éducateur dont l’implication dans la rencontre allie consistance, contenance et constance. « C’est au croisement de ces trois qualités que se fonde la fiabilité de la posture éducative », développe Xavier Bouchereau. La consistance, c’est l’épaisseur personnelle et professionnelle du travailleur social ; la contenance, l’enveloppe proposée par l’éducateur et son institution ; enfin, la constance représente le temps nécessaire au sujet accompagné pour s’imaginer un avenir dont le professionnel ne fait plus partie. Le temps est l’allié le plus précieux de l’éducateur, insiste l’auteur, qui dénonce la « course folle » d’une pratique qui s’apprécie au nombre d’actes posés. « Une posture qui refuse de se soumettre à l’agir n’en est pas moins une posture agissante […]. Seulement, elle opère en silence, à pas feutrés, en respectant le temps de celui à qui elle s’adresse », défend-il.
La posture éducative.
Une pratique de soi
Xavier Bouchereau – Ed. érès – 15 €