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« Elargir le cercle de la participation citoyenne » pour favoriser l’inclusion

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Le 17 mai, l’association Dignité organisait la deuxième réunion de présentation de son projet de « recherche-action citoyenneté », lancé avec le laboratoire Experice de l’université Paris-XIII. La démarche, explique Sébastien Frutieaux, président de Dignité(1), est de valoriser le pouvoir d’agir des personnes en situation de vulnérabilité et des étudiants, à travers la coconstruction d’un projet de transformation sociale.
Comment ce projet est-il né ?

Ayant vécu un an à la rue et quatre ans en centre d’hébergement, j’ai pu me rendre compte de l’engagement des étudiants dans l’approche des personnes en situation de vulnérabilité. Dignité, créée il y a trois ans par des citoyens vivant dans des structures d’hébergement ou ayant besoin d’y être accueillis, intervient dans les écoles de travail social, ce qui suscite chaque fois l’intérêt et le questionnement des étudiants. Nous sommes face à une génération d’étudiants en travail social, ou autre, qui s’intéresse aux questions de solidarité et est prête à se mobiliser par des initiatives concrètes. Certains participent déjà à des collectifs de citoyens, dans une perspective de transformation du travail social. A l’université Paris-XIII, les interventions de Dignité m’ont permis de rencontrer Christophe Blanchard, docteur en sociologie et maître de conférences en sciences de l’éducation au laboratoire Experice(2). Il connaît le terrain, il a travaillé sur le sujet des sans-abri propriétaires de chiens et il s’intéresse à la problématique du pouvoir d’agir et d’action partagée. Sur la base d’un partenariat, nous avons entrepris de valoriser la mobilisation et la capacité d’action citoyenne des personnes en situation de vulnérabilité et des étudiants, au sein de groupes de travail qui réunissent divers intervenants. Une gouvernance partagée s’inscrit dans ce projet innovant. Un établissement de formation au travail social d’Ile-de-France a déjà prévu que des promotions puissent faire leur mémoire sur ce projet. Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions de Dignité, qui intervient au quotidien auprès des personnes en situation de vulnérabilité, avec la contribution d’autres associations, d’acteurs de la société civile et de citoyens.

Comment ce projet va-t-il s’organiser ?

Après plusieurs réunions de présentation auprès d’enseignants, d’étudiants et de personnes concernées, nous allons créer en septembre plusieurs groupes de travail. Chacun recevra une formation au SIAO [service intégré d’accueil et d’orientation] de Paris, des informations sur le rôle de la Fédération des acteurs de solidarité Ile-de-France, dont je suis administrateur, visitera des accueils de jour, participera aux maraudes dans les gares à travers notre partenariat avec SNCF Gares & Connexions. La démarche est de mettre en visibilité la capacitation(3) citoyenne de chacun pour favoriser l’inclusion sociale des personnes en situation de vulnérabilité et reconnaître ces dernières comme ressources. Nous voulons élargir le cercle de la participation citoyenne pour élaborer des solutions.

Qu’attendez-vous de cette collaboration ?

Nous allons pendant deux ans être ressource d’innovation pour réveiller une machine qui dort. Nous voulons élaborer une façon différente de travailler qui ne coûte pas plus cher mais permet aux personnes en situation de vulnérabilité de garder leur dignité, grâce à la prise en compte de leurs capacités. Avant d’être à la rue, les gens ont souvent eu un parcours, un métier qui n’est jamais pris en compte. Dans une première étape, les groupes vont apprendre une façon horizontale et collective de travailler, où la parole de l’un vaut la parole de l’autre. Dans une seconde phase, nous allons lancer d’autres groupes de travail au niveau national. Pour Paris, ce projet pourrait s’inscrire pleinement dans la dynamique de la grande cause contre la pauvreté lancée par Anne Hidalgo. Nous souhaitons changer le regard sur les personnes citoyennes en situation de vulnérabilité. C’est un processus qui permettra de rendre visible ce que l’on nomme les « invisibles », de mettre en lumière leur capacitation citoyenne et leur pouvoir d’agir. Les travailleurs sociaux ont fait au minimum trois ans d’études et se voient répondre aux personnes en situation de vulnérabilité « ce n’est pas possible ». C’est cela qu’il faut changer. Notre démarche s’inscrit pleinement dans l’ouverture d’une politique citoyenne.

Notes

(1) Dignité – www.facebook.com/dignite.idf – dignite.idf@gmail.com – 07 71 86 91 29.

(2) Le laboratoire Experice mène des recherches sur les enjeux de l’action collective dans les territoires, vus à travers les notions d’« intelligence collective » et de « lieu apprenant » – Informations sur experice.univ-paris13.fr.

(3) Une traduction de la notion d’empowerment.

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