Socio-anthropologue, Agnès Vandevelde-Rougale s’est nourrie d’une recherche pour analyser la langue utilisée par le management. Elle démontre dans ces pages comment la « novlangue » managériale (mot emprunté au 1984 d’Orwell), qui comprend des termes tels que « gouvernance », « respect », « responsabilités », « transparence », peut parfois gripper les émotions, voire empêcher de les penser et donc d’exprimer son mal-être, qui est pourtant bien présent. Que faire des émotions ressenties au travail, celles qu’on ne peut pas exprimer parce qu’on se révélerait « trop sensible », ou pas suffisamment « performant » ni « professionnel » ? Comment dire la peur, celle qui est jugée « irrationnelle » ? Considérés comme des « ressources humaines », les travailleurs n’arrivent plus à donner du sens à ce qu’ils vivent. « Par l’utilisation de sa novlangue, le management participe surtout au corsetage des imaginaires, au façonnage des univers symboliques, au formatage des émotions, à l’écrasement des intelligences individuelles et collectives », insiste l’auteure, qui expose néanmoins le potentiel de résistance de l’individu et les voies qui s’offrent à lui pour se dégager de ces entraves langagières et faire face à la violence plus ou moins ordinaire à l’œuvre dans les organisations.
Manager dans le social
Langage neutralisant
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La novlangue managériale. Emprise et résistance Agnès Vandevelde-Rougale – Ed. érès – 23 €