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Sur les ruines du passé

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Il y a le placard où elle restait des heures dans le noir, se racontant des histoires pendant que la vie suivait son cours dans la maison, les maigres restes de repas avalés en solitaire dans la chambre, les coups qui « tombent pour rien » et les mots d’une mère qui font souvent plus mal encore… Leïla Zaoui aura attendu trente-cinq ans avant de se décider à écrire son histoire, l’histoire de ce « désamour » d’une mère prisonnière de sa propre souffrance. Avec des mots simples, la jeune femme raconte les années d’enfance dans une petite ville du Nord, cette impression d’être là « sans y être », avec des sœurs étrangement impassibles et une mère dont elle est le souffre-douleur quotidien. Il ne s’agit pas pour Leïla Zaoui de régler des comptes à travers ce témoignage, mais plutôt d’essayer « d’assembler les pièces d’un puzzle éparpillé » pour donner une consistance, une réalité à ces années escamotées, à cette enfance « et son cortège de zones d’ombre ». Pour montrer surtout qu’il est possible de construire une vie sur les ruines du passé. Aujourd’hui éducatrice spécialisée et mère de deux enfants, la jeune femme raconte ce cheminement vers la résilience qui fait passer la petite fille « spectatrice de sa vie » à une adulte devenue « auteur de son destin ». Il faut pour cela puiser dans ses ressources internes, mais pouvoir aussi saisir les mains qui se tendent, nous dit Leïla Zaoui. Comme celles de ces professeurs bienveillants, de ce proviseur et de cette assistante sociale inquiets pour sa santé, de ces amies de lycée qui l’accueillent et l’hébergent, ou de cette éducatrice qui l’aidera à quitter une maison familiale où elle n’a jamais eu sa place. Ce cheminement lui permettra enfin de forcer le déni de cette mère et de trouver une forme d’apaisement dans la reconnaissance de sa maltraitance. « Les enfants qui ont connu la violence, l’abandon, l’orphelinat, la misère ou encore la guerre seront des enfants blessés et des adultes blessés tout au long de leur vie, mais ces enfants ne sont ni perdus, ni sans valeurs […]. Il n’y a pas de fatalité au malheur », assure celle qui s’apprête aujourd’hui à devenir thérapeute familiale.

Le désamour. De la maltraitance à la résilience

Leïla Zaoui – Ed. Michalon – 16 €

Culture

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