C’est un nouvel appel à « une mobilisation nationale en faveur d’un accès direct au logement des personnes sans domicile avec un accompagnement adapté à leurs besoins » qu’a lancé le 27 avril la Fédération des acteurs de la solidarité, en publiant la synthèse hivernale 2016-2017 de son baromètre du 115(1). Une analyse qui s’appuie sur « les demandes faites au numéro d’urgence entre les mois de novembre 2016 et mars 2017 dans 45 départements », sur « les réponses associées » et aussi, cette année, sur une « enquête flash » réalisée, les 8 et 9 mars, par 90 équipes de maraude avec la Fédération nationale des Samu sociaux.
« En un an, l’évolution de plusieurs indicateurs témoigne de la dégradation de la situation sociale des personnes », notamment des jeunes et des hommes isolés, de plus en plus nombreux à appeler le 115 pour trouver un hébergement. « Le nombre de personnes sollicitant le 115 (71 359 personnes) a augmenté de 7 % depuis l’hiver 2015-2016, avec une hausse particulièrement sensible des appelants âgés de 18 à 24 ans (+ 12 %). Le nombre de personnes jamais hébergées (34 482) progresse également de 10 % en un an. » De fait, « malgré une hausse du nombre de mises à l’abri proposées pendant la période hivernale (+ 9 %) grâce à l’ouverture de places supplémentaires, moins d’une demande sur deux (45 %) donne lieu à un hébergement ».
« Cette année encore, l’hiver a été marqué par une gestion urgentiste de l’hébergement », déplore aussi la fédération, en ajoutant que, « face à la massification de la demande […], les solutions temporaires et précaires sont privilégiées au détriment de la qualité de la prise en charge des personnes ». Ces dernières, contraintes de renouveler sans cesse leurs appels « face au manque de places disponibles et au caractère temporaire des mises à l’abri », sont de plus en plus nombreuses « à rester dans l’errance », en particulier dans les grandes métropoles. Certaines finissent par renoncer à appeler le 115.
D’où le complément apporté, pour la première fois, par les données récoltées auprès de 1 300 ménages par 90 équipes de maraude. Selon cette enquête inédite, 67 % des personnes interrogées – des hommes seuls dans 78 % des cas – n’avaient pas sollicité le 115 au jour de la rencontre. Et 71 % étaient en situation d’errance depuis plus d’un an, voire depuis plus de cinq ans pour 30 % du total. « La désaffiliation sociale des personnes rencontrées par les maraudes nécessite un renforcement des moyens et le développement de solutions adaptées […] pour ceux qui ne demandent plus rien », plaide la Fédération des acteurs de la solidarité, en réclamant « une prise de conscience urgente, [de la part des] pouvoirs publics nationaux et locaux, de la situation vécue par les personnes sans abri et de l’impuissance croissante des professionnels qui tentent de les accompagner vers une réinsertion durable ».
(1) Disponible sur