Comment passer d’une « simple logique de gestion à une véritable politique de ressources humaines » dans les services à domicile ? Cette question a fait l’objet d’une réflexion de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (Unccas), qui vient de publier « un recueil d’actions inspirantes » menées au sein de services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) gérés par des CCAS et CIAS. Réalisé avec le soutien de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), cet ouvrage ambitionne de « s’appuyer sur la qualité de vie au travail pour assurer la pérennité d’un secteur sous pression ».
Les auteurs rappellent en effet que la qualité et l’efficacité de l’accompagnement global assuré par les CCAS et CIAS reposent sur le maintien d’une forte implication de leurs agents, sur la qualification de ces derniers et sur la reconnaissance de leurs missions au quotidien. Ces personnels sont cependant soumis à de nouvelles exigences, des contraintes financières… « Face à ces évolutions socio-économiques, de nouvelles formes d’organisation » sont nécessaires et « de nouveaux défis en matière de professionnalisation, de management, de mutualisation » sont à relever.
L’Unccas a analysé 11 exemples d’actions répondant chacune à l’une ou plusieurs des problématiques suivantes(1) : arrêts de travail, troubles musculosquelettiques (TMS), risques psychosociaux (RPS), accidents du travail, épuisement professionnel… Pour chaque expérience décrite sont précisés le contexte, les objectifs, les cibles de l’action, son bilan, les partenaires et les moyens mobilisés. Le premier exemple est celui d’une équipe référente sur les questions liées à l’ergonomie au CIAS de Seignanx (Landes), dont l’action a permis de réduire le nombre d’accidents du travail liés aux TMS de 70 % en 2014 et de 100 % en 2015. Toujours dans une approche de prévention des TMS et des RPS, le CCAS de Lescar (Pyrénées-Atlantiques) propose un parcours de formation « Prendre soin de soi en prenant soin de l’autre ».
D’autres initiatives s’inscrivent dans un objectif d’amélioration du service et de professionnalisation des agents. C’est le cas à Fougères (Ille-et-Vilaine), où la mise en place d’une « équipe dépendance » spécifique aux « situations les plus difficiles », composée d’intervenants à domicile volontaires du CCAS, a permis d’améliorer l’accompagnement des usagers les plus fragilisés du SAAD tout au long de la journée et de la semaine. « Son mode d’organisation propre facilite notamment la coordination entre des intervenants et améliore la qualité du service rendu aux usagers », précise l’Unccas.
Le CCAS de Meudon (Hauts-de-Seine) a pour sa part instauré un dispositif qui a pour objectif de « maintenir un dialogue et un équilibre à domicile, grâce à une formation par une gérontologue, un suivi de visites à domicile avec l’aidant personnel ou professionnel. Des groupes de coordination et d’analyse des pratiques pour les aides à domicile sont également mis en place. » Une autre initiative, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne), porte sur la mutualisation des services du pôle de soutien à l’autonomie du SAAD et du foyer de résidence pour personnes âgées, également géré par le CCAS. Ce pôle unique permet aux agents de faire partie d’un seul service, de faciliter les informations délivrées aux habitants ou encore d’« assurer un suivi du dossier de la personne afin de réajuster si besoin les services apportés ».
Quelle que soit l’initiative, « les principales conditions de réussite reposent sur un pilotage par la direction générale, un fort soutien politique et le fait d’associer les agents en les rendant acteurs de la démarche », résume l’Unccas. Avant de souligner que « la qualité de vie au travail est enjeu de performance » et « levier de remobilisation des équipes ».
(1) Les actions sont présentées dans la banque d’expériences de l’Unccas, en ligne sur