« Alors que les femmes et les hommes sont aujourd’hui à parts quasiment égales dans la population active, la mixité des métiers a globalement progressé, mais à un rythme extrêmement lent », regrette une mission d’évaluation des actions publiques en faveur de la mixité professionnelle, menée par les inspections générales des affaires sociales et de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, dont le rapport a été rendu public le 21 avril dernier(1). Facteur d’égalité professionnelle, la mixité des métiers est aussi un levier d’amélioration de l’emploi. Pour répondre à cet enjeu, la mission formule une série de propositions : former et sensibiliser tous les acteurs relais, intégrer des leviers en faveur de la mixité dans les dispositifs de droit commun des acteurs de l’éducation, de la formation, de l’orientation et du recrutement, et promouvoir la mixité dans quelques métiers à fort potentiel de développement, comme les métiers sanitaires et sociaux.
Fin 2011, en France métropolitaine, sur 1,2 million de travailleurs sociaux (dont 473 700 sont employés par des particuliers employeurs), 90 % de ceux en activité sont des femmes et 85 % des étudiants sont des étudiantes, déplore la mission. De plus, il existe des différences importantes entre les professions, relève le rapport. En effet, certaines sont presque exclusivement occupées par des femmes (assistantes maternelles, gardes d’enfants et éducatrices de jeunes enfants, aides à domicile et travailleuses familiales). Les hommes sont, quant à eux, un peu plus présents mais quand même minoritaires (10 % des effectifs) sur les postes d’assistant de service social, de conseiller en économie sociale familiale et d’aide médico psychologique. La situation est plus équilibrée pour les animateurs et les autres professions de la filière éducative (moniteurs éducateurs, éducateurs spécialisés, cadres socio éducatifs) où les femmes représentent environ les deux tiers des effectifs. Enfin, les hommes sont très nettement majoritaires (70 %) dans les métiers de l’aide par le travail (éducateurs techniques, éducateurs techniques spécialisés, moniteurs d’atelier).
Le rapport recommande de donner plus de visibilité à la politique publique de promotion de la mixité par des plans d’action plus ambitieux ciblés sur quelques métiers stratégiques, à prédominance masculine mais aussi à prédominance féminine. Le choix de ces métiers devrait croiser trois critères essentiels : des métiers présentant de bonnes perspectives de développement de l’emploi à moyen terme, ayant une forte visibilité pour le grand public, et pour lesquels un développement relativement rapide de la mixité paraît réaliste. Il pourrait donc s’agir d’augmenter la part des hommes dans les métiers sanitaires et sociaux, en s’appuyant notamment sur les employeurs publics dont le poids est important pour ces secteurs, et en ciblant particulièrement, dans un premier temps, les métiers à effectifs nombreux où les hommes sont présents mais très minoritaires.
La mission préconise aussi de définir des objectifs chiffrés de progression de la mixité et de mobiliser des « crédits publics » pour mettre en place des plans de communication spécifiques avec les branches professionnelles, l’Education nationale et le service public de l’emploi, en direction des jeunes et des demandeurs d’emploi ainsi que des employeurs, en vue de rééquilibrer les proportions d’hommes et de femmes dans les formations, les candidatures et les embauches. Le rapport propose en outre de mettre en œuvre des dispositions concrètes pour la promotion de la mixité, adaptées aux spécificités du secteur (mobiliser des « pionniers » et « pionnières » minoritaires dans leur métier ou leur formation pour intervenir dans les établissements scolaires dès le collège et dans les forums et salons de l’emploi, mettre au point un argumentaire en direction des élèves et de leurs parents, abonder le compte personnel de formation des femmes et des hommes décidant de s’engager dans une formation qualifiante à l’un de ces métiers…).
(1) Evaluation des actions publiques en faveur de la mixité des métiers – Disponible sur