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« Appréhender la complexité de l’impact social »

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En tirant les enseignements de l’étude « L’expérience de l’évaluation d’impact social », réalisée à sa demande par l’agence Phare(1), l’Avise, centre de ressources et agence d’ingéniérie pour le développement de l’économie sociale et solidaire (ESS), invite les acteurs du secteur à réfléchir aux enjeux de la démarche. Explications de Benoît Mounier, chargé de mission à l’Avise.
Quel était l’objectif de cette étude ?

L’Avise, qui s’intéresse depuis sa création à l’évaluation de l’utilité sociale et de l’impact social, a voulu comprendre comment les structures d’utilité sociale employeuses appréhendent cette question et, à travers la diversité de leurs pratiques, décrypter quels sont les motivations, les enjeux, les leviers et les freins qui agissent sur leurs choix et leur méthodologie. L’objet de l’étude, qualitative, n’était pas de mesurer l’ampleur du recours à l’évaluation de l’impact social, mais de comprendre les logiques à l’œuvre. Un échantillon a été construit avec dix structures qui ont communiqué sur leur évaluation d’impact social et de dix autres n’ayant pas communiqué à ce sujet. Nous nous sommes aperçus que toutes avaient abordé la question, que ce soit à partir d’une approche fondée sur le « ressenti » ou formalisée.

Que ressort-il de l’étude ?

Il y a un continuum des pratiques qui permet d’identifier quatre niveaux de formalisation de la démarche : la validation au « ressenti », le « bricolage », la revendication de mesures appuyées sur des outils et celle de la scientificité. Il est intéressant de voir que les structures adoptent surtout des méthodes quantitatives, qui sont perçues comme permettant de communiquer plus facilement sur les résultats, mais parfois réductrices, alors que les méthodes qualitatives sont considérées comme mieux adaptées à l’analyse complexe des impacts sociaux, mais aussi comme moins fiables scientifiquement, plus compliquées à mettre en œuvre, et dont les résultats sont plus difficiles à valoriser. Cette tension est certainement due aux représentations, à un déficit de connaissances et au besoin d’outiller les porteurs de projet sur ce point. L’étude s’intéresse aussi aux freins d’ordre stratégique, quand les structures ne font pas de l’évaluation d’impact social une priorité, notamment quand leur modèle économique est marchand. Les freins peuvent aussi être idéologiques, la démarche d’évaluation pouvant faire référence à une approche gestionnaire. Parmi les leviers externes, les financeurs peuvent avoir une influence forte dans le fait d’évaluer ou pas, et dans la manière de le faire. Deux grandes logiques sous-tendent l’évaluation : démontrer son impact social ou l’améliorer. La plupart des structures enquêtées s’inscrivent dans la première. Dans le second cas, elles ont mis en œuvre au préalable des démarches d’évaluation pour démontrer leur impact.

L’Avise a identifié des défis à relever…

Nous nous sommes pour cela appuyés sur l’étude, les travaux de l’OCDE, du Conseil supérieur de l’ESS, ainsi que sur notre propre connaissance des enjeux. L’une des priorités est de faire de l’évaluation de l’impact social un levier pour l’innovation sociale, ce qui est moins évident lorsque l’évaluation est pensée de manière normative, avec des indicateurs imposés. Il faudrait aussi donner aux structures les moyens d’évaluer. Elles pourraient, dès leur création, intégrer ce coût dans leur budget et il pourrait être pertinent de faire émerger un fonds pour l’évaluation de l’impact social, déconnecté des financeurs. Ces derniers devraient être encouragés à ne pas privilégier uniquement les impacts tangibles, facilement mesurables, et le court terme. Avant la méthode, il est nécessaire de s’intéresser aux finalités de l’évaluation, d’appréhender celle-ci non pas comme un résultat mais comme un processus de transformation qui permet d’approcher la complexité de l’impact social avec toutes les parties prenantes du projet, dans une approche participative et transparente.

Quelles pistes préconisez-vous ?

Nous proposons notamment qu’une charte de principes partagés de l’évaluation de l’impact social puisse être adossée aux conventions de financement, en s’inspirant des travaux réalisés au sein du Groupe d’experts de la Commission européenne sur l’économie sociale (GECES). Sur cela, un portage par le Conseil supérieur de l’ESS pourrait être pertinent. Un autre enjeu, pour produire de l’innovation sociale et créer de la valeur sociale, est de s’intéresser à l’évaluation des coopérations territoriales. Pour accompagner les structures, le dispositif local d’accompagnement (DLA) représente un levier important, qui gagnerait à être plus activé.

Notes

(1) Disponible sur www.avise.org.

(2) Composé en majorité d’associations et en grande partie par des structures d’insertion.

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