L’« éduc pop » a le vent en poupe

Certains se réclament explicitement de l’« éducation populaire », d’autres se fixent le même type d’objectifs émancipatoires que cette dernière, tout en inscrivant leur action sous diverses appellations – éducation non formelle, démocratie participative, formation tout au long de la vie, partage des savoirs. Peut-être s’agit-il de donner un petit coup de jeune à une notion largement méconnue du grand public : selon un sondage de 2012, l’éducation populaire n’évoque rien pour deux tiers des Français. Pourtant, comme le montre cet ouvrage collectif dirigé par Francis Lebon et Emmanuel de Lescure, enseignants-chercheurs en sciences de l’éducation, la vieille dame est en pleine forme. Dans un contexte de mise en cause de la promesse démocratique portée par l’école, les multiples initiatives présentées ici témoignent de cette vitalité. Pour autant, tout ne va pas forcément pour le mieux dans l’« éduc pop ». Parmi les problèmes de fond(s) évoqués, il y a la dépendance de certains projets à leurs financeurs publics, qui les conduit à devoir s’adapter pour s’adjuger ou conserver leur part de « marché éducatif », selon l’expression du sociologue Chafik Hbila. Les caractéristiques du public touché, souvent issu des classes moyennes plus que des milieux populaires, notamment pour ce qui est des jeunes concernés par l’offre d’activités encadrées, sont également interrogées. C’est aussi le cas du positionnement des acteurs, entre refus de toute professionnalisation, comme à la Dionyversité, université populaire de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), et engagement dans un métier, comme les animateurs salariés de centres de loisirs.