En équilibre sur un film

« Ils lui parlent différemment et elle est plus grande avec eux », confie la maman de Céleste à la caméra. « Eux », ce sont les éducateurs spécialisés, psychologues, moniteurs-éducateurs, enseignants et autres salariés de La Pinède, un institut médico-éducatif (IME) situé à proximité de Montpellier. Plusieurs mois durant, les réalisateurs Alain Albaric et Stéphan Balay ont filmé le quotidien de cette équipe de professionnels auprès des enfants et adolescents accueillis au sein de la structure.

Activités organisées autour de la peinture, du jardinage, du théâtre, du conte, apprentissages techniques, moments de la vie de tous les jours avec le groupe… Comme des funambules prend le temps de montrer toutes les facettes de cet apprentissage de la vie, de ce chemin accompli vers une certaine forme d’autonomie qui respecte la différence de chacun. Le mérite des réalisateurs est d’avoir su faire oublier la présence de la caméra pour se fondre dans cet univers multiforme et capter les peurs, les angoisses, les trébuchements de ces jeunes, mais aussi leurs émotions et les moments de plaisir partagés.

Les professionnels évoquent, quant à eux, l’importance de se laisser surprendre par ce qu’apportent les enfants, la nécessité d’accueillir leur parole, de créer des espaces pour leur permettre de se découvrir eux-mêmes. Certains soulignent l’importance des apprentissages techniques qui viennent médiatiser ce qui fait souffrance, des ateliers où « le corps est engagé et permet de s’engager aussi auprès de l’autre ». D’autres mettent en avant la question de la tolérance travaillée au sein des groupes de parole ou celle du regard de l’autre, derrière laquelle se profilent les appréhensions de certains jeunes par rapport à la sexualité.

La caméra est là lorsque l’équipe se réunit pour remettre en question ses pratiques et partager ses interrogations « sans que ce soit une remise en cause de la compétence professionnelle ». Et elle est toujours là pour recueillir la parole des familles, comme celle de ce papa expliquant avec des sanglots dans la voix qu’il a « compris la chance d’avoir un enfant différent », mais qui ne sait pas « comment le dire aux autres, comment leur faire partager ça ».

Le film fait l’objet de projections-rencontres dans le circuit des cinémas art et essai.