Les cadres responsables du mal-être des travailleurs sociaux ? C’est, en substance, ce qui ressort des investigations de Fathi Ben Mrad, lui-même cadre éducatif, qui a mené une démarche sociologique pour relever les causes et manifestations du burn-out sur la base d’entretiens et d’exploration des réseaux sociaux. Les travailleurs sociaux en souffrance évoquent souvent comme cause du burn-out l’inflation des demandes sociales au regard de la réduction de l’offre de service, qui conduit à une baisse de la qualité des prestations, voire à une aggravation des problématiques des usagers. D’autres fois, l’expression de leur malaise est relative à l’impossibilité de conserver une approche humaniste, en raison d’une technocratisation toujours plus grande du champ du travail social. Enfin, la perte de sens du travail social par rapport aux résultats espérés est un facteur déterminant dans l’expression du mal-être au travail. La charge de travail ou le comportement des publics sont bien plus rarement cités que l’environnement professionnel. En effet, les cadres participeraient directement « à la perte de sens du travail social et à l’insuffisance de réflexion, nécessaire à un bon accompagnement éducatif des usagers ». Nombre d’entre eux empêcheraient « les prises d’initiatives individuelles », n’accorderaient pas assez de soutien à leurs équipes. « Leur méconnaissance du travail des professionnels de terrain » pourrait même être assimilée par les travailleurs sociaux à de « l’inefficacité, voire de l’incompétence ». A partir de ces informations, l’auteur s’interroge sur les changements personnels que les individus connaissent lorsqu’ils sont confrontés à un burn-out et les ressources qu’ils déploient pour résister ou faire face à cette situation. Un ouvrage qui peut être l’occasion d’une remise en question…
Manager dans le social
Cadres « surmeneurs » ?
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Burn-out et travail social Fathi Ben Mrad – Ed. L’Harmattan – 20,50 €