Les violences faites aux femmes sont plus nombreuses et moins bien combattues dans les outre-mer que dans l’Hexagone, estime le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un avis qu’il a adopté le 29 mars dernier en assemblée plénière(1), formulant en conséquence une série de recommandations pour mieux lutter contre le phénomène.
« Il existe des statistiques qui indiquent une ampleur plus importante » des violences en outre-mer, souligne l’une des rapporteures de l’avis, Ernestine Ronai. En Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, par exemple, il y a « 7 à 8 fois plus » de violences faites aux femmes qu’en métropole. Autre constat : « Il y a moins de possibilités pour les femmes de sortir des violences » en outre-mer. « Il y a besoin d’un rattrapage. »
Comment expliquer le phénomène ? Le CESE en a exploré « les facteurs explicatifs ou aggravants » et a repéré les freins et leviers pour une évolution positive : « Traits particuliers des stéréotypes sexistes et sexuels, représentations sociales des rapports de domination entre les femmes et les hommes, précarité sociale, insularité et éloignement, difficultés de la prise en charge des victimes, en particulier liées à l’insuffisance des structures d’accueil et d’hébergement ainsi que de la formation des professionnels. »
Entre autres préconisations, l’instance juge indispensable d’améliorer les connaissances de l’ampleur du phénomène. « Il existe des enquêtes dans l’Hexagone ; il en faut aussi en outre-mer », résume Ernestine Ronai. Pour également mieux connaître les solutions qui existent sur les territoires, il conviendrait d’y mettre en place un annuaire national des structures accompagnant les femmes victimes de violences.
Le CESE plaide par ailleurs pour une amélioration de la coordination et de la coopération des acteurs. Il préconise à cet égard que « tous les outre-mer se dotent d’un observatoire territorial des violences faites aux femmes, constitué en instances partenariales » avec tous les acteurs concernés.
L’avis recommande encore, pêle-mêle :
→ d’accroître le niveau de formation des magistrats, des médecins, du personnel soignant et des forces de sécurité en fonction dans les outre-mer afin de mieux repérer et aider les femmes victimes de violences ;
→ de mieux informer la population – notamment les jeunes – par des actions de prévention et de sensibilisation ;
→ de « consolider le parcours de sortie des violences », notamment en dotant mieux les outre-mer de lieux d’écoute et d’orientation. « Ce qui manque [également] de manière criante, ajoute Ernestine Ronai, ce sont les moyens de mise en sécurité, les lieux d’hébergement », citant notamment les établissements d’accueil mère-enfants.
Le conseil demande aussi le déploiement rapide dans tous les territoires ultramarins du dispositif « téléphone grave danger », déjà généralisé dans l’Hexagone.
Enfin, plus globalement, le CESE plaide pour une augmentation significative du budget alloué au ministère des Droits des femmes « pour qu’il ne soit plus le plus petit budget de l’Etat ».
(1) Bientôt disponible sur