Recevoir la newsletter

Etat des lieux du racisme en 2016 : la CNCDH s’interroge sur l’évolution de la tolérance

Article réservé aux abonnés

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a présenté, le 30 mars, son rapport annuel « sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie »(1). Cette année, ses conclusions sont plutôt positives puisque, en 2016, dans la continuité des deux années précédentes, l’indice longitudinal de tolérance en France a crû légèrement. Après quatre années de dégringolade entre 2009 et 2013 puis une année de stagnation en 2014, cet indice – qui mesure de manière synthétique les évolutions des préjugés en France – a atteint, à la fin de l’année 2016, un niveau de 65 sur une échelle de 100, proche de son record (66 en 2009).

« Ce constat est pour le moins étonnant », notent cependant les auteurs du rapport, « le contexte étant d’apparence peu propice à l’acceptation de l’autre (terrorisme, arrivées de migrants, chômage de masse, poids des thèmes sécuritaires dans les médias, certaines prises de position politiques, etc.) ». De fait, l’évolution de l’indice au regard du contexte historique montre que, en réalité, ce ne sont pas tant les événements qui influencent l’opinion que la manière dont les élites politiques, économiques et sociales y réagissent et en parlent. Les auteurs du rapport insistent : ces élites ont donc une responsabilité particulièrement importante dans le niveau plus ou moins élevé de tolérance de l’opinion publique à l’égard des minorités.

Vers une société plus tolérante ?

La CNCDH s’interroge, par ailleurs, sur ce que cache la stagnation de l’indice de tolérance qui, entre janvier 2016 et octobre 2016, n’a crû que d’un point : « la France aurait-elle atteint un plateau de tolérance ? ». Cela pourrait signifier l’existence d’un noyau dur de personnes persistant dans le rejet des immigrés quel que soit le contexte. Plus optimiste sans être incompatible avec la première, une seconde hypothèse consiste à penser que, après une hausse spectaculaire, le niveau de tolérance pourrait désormais croître de manière plus lente, au fil du renouvellement générationnel et de la hausse du niveau moyen d’études. Hypothèse qui part du principe que chaque nouvelle cohorte serait plus tolérante que la précédente. Quoi qu’il en soit, seuls les prochains rapports pourront valider ces suppositions.

Les chiffres en provenance du service central du renseignement territorial (SCRT) du ministère de l’Intérieur montrent, quant à eux, une amélioration du côté des « actions et menaces à caractère antisémite, antimusulman et autre ». Elles baissent de près de 45 % en 2016 par rapport à 2015. Mais, insiste le rapport, « sur le long terme, la courbe de tendance [en hausse constante] des actes à caractère raciste reste particulièrement inquiétante ». De plus, la part des agressions et violences parmi les actes recensés par le SCRT ne cesse également de croître.

La minorité Rom encore la plus rejetée

Le rapport détaille enfin l’indice de tolérance à l’égard des minorités, notamment juive, musulmane, Rom. «  L’acceptation des juifs marque le pas en 2016 », reculant d’un point, constatent les auteurs. Et la Commission nationale consultative des droits de l’Homme d’ajouter : « Il n’en reste pas moins que, [malgré la persistance de vieux préjugés], la minorité juive reste particulièrement bien acceptée, notamment comparée aux musulmans ou aux Roms. » Ces derniers constituent le groupe à la fois le plus mal connu de l’opinion publique et le plus rejeté, même si, depuis 2014, il semble que l’on en parle à la fois moins et mieux.

Les préjugés sur leur prétendue différence culturelle qui menacerait l’ordre national ou encore sur le fait qu’ils constitueraient un groupe racial inférieur « sont alimentés par des discours publics qui tendent à justifier l’échec d’initiatives d’intégration par la seule attitude des bénéficiaires et par une politique ambiguë vis-à-vis de la résorption des bidonvilles, l’approche répressive étant privilégiée », insiste la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, qui souligne que, dans ce contexte, de nombreuses familles se voient discriminées et privées de droits aussi fondamentaux que le droit à la sécurité, à la santé, à l’éducation et à la libre circulation.

Notes

(1) Les « Essentiels » du rapport sur la lutte contre le racisme 2016 sont disponibles sur www.cncdh.fr, en attendant la publication du rapport intégral.

Côté cour

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur