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Sous l’œil d’un migrant

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Sur la côte nord du Maroc se trouve Melilla, enclave espagnole entre l’Afrique et l’Europe. Depuis la montagne qui surplombe cette ville, un millier de migrants africains contemplent la barrière (12 km de clôtures parallèles de 6 mètres de haut, couronnées de barbelés) qui les sépare de ce qu’ils pensent être l’eldorado. C’est à l’un d’entre eux, Abou, venu du Mali, que deux jeunes réalisateurs ont confié leur caméra, afin qu’il témoigne de l’intérieur de sa vie quotidienne et de ses nombreuses tentatives pour sauter cette fameuse barrière. Déjà passé, son frère vit depuis quelques années en Espagne et l’a prévenu que la vie en Europe n’était pas tendre, mais Abou et ses camarades ne le croient pas. Alors ils essaient de sauter, encore et encore. Au risque de leur vie, ils se lancent de nuit, en groupe. A chaque tentative ratée, après avoir affronté les barbelés, les sprays automatiques au poivre et les autorités agressives, les malchanceux retournent au mont Gourougou. Là, tous ces hommes ont recréé une communauté, avec son président, son conseil et son système d’entraide mais aussi de jugement, en cas de traîtrise de l’un d’eux.

Abou filme les gens dont il se sent proche et qui lui font confiance. Dans Les sauteurs, les images illustrent les bons et les mauvais moments, mais surtout la longue attente sur la montagne.

Si, de la part des deux réalisateurs danois, confier une caméra et diriger leur documentaire de l’extérieur relevait d’une expérimentation – « nous voulions trouver une approche qui, si tout se déroulait bien, allait ajouter une nouvelle qualité aux travaux déjà existants sur ce thème » –, l’intérêt d’Abou était tout autre. Au début, il a accepté de filmer parce qu’il recevait un peu d’argent en échange, ce qui lui permettait de manger. Peu à peu, le jeune Malien a vraiment eu envie de documenter la vie sur la montagne – « afin que notre histoire, mon histoire, ne soit pas oubliée un jour. J’avais besoin de montrer que nous étions en vie, que nous étions des êtres humains et non des fantômes ».

Abou est resté seize mois sur la montagne de Gourougou avant de parvenir à sauter la barrière.

Les sauteurs

Moritz Siebert et Estephan Wagner, en coréalisation avec Abou Bakar Sidibé – 1 h 22 – En salles le 5 avril

Culture

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