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Face à la cruauté

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« Elle était morte, couchée. Elle avait une coiffure “coupe au carré”, les cheveux cendrés. Et le téléphone portable qui n’arrêtait pas de sonner, de sonner dans le sac posé à côté de sa tête. » L’image de cette femme allongée au milieu des autres victimes de l’attentat n’a plus quitté François Molins depuis qu’il est entré dans la salle du Bataclan, ce soir du 13 novembre 2015. A l’instar de l’actuel procureur de la République de Paris, 80 magistrats ont accepté de s’allonger sur le « divan » du journaliste et chroniqueur judiciaire Dominique Verdeilhan pour témoigner de leur quotidien, pour montrer un autre aspect de la justice. Celui, souvent occulté, de l’humain et de l’intime confrontés « à la cruauté et à la perversité dont certains de nos contemporains peuvent faire preuve ». Scènes d’attentats apocalyptiques, « moment d’épouvante totale » que constitue la première autopsie ou le premier cadavre pour un jeune juge, violence extrême de certaines reconstitutions ou de dépositions de prédateurs terrifiants « dont on ne sort pas indemne », instants d’audience qui donnent « la chair de poule »… « Mais comment faites-vous pour supporter tout cela ? », s’interrogent souvent les personnes extérieures. Les magistrats évoquent tour à tour les nuits hantées par les images terribles d’une affaire, le spectre de l’erreur judiciaire, le sentiment de solitude lorsqu’ils sont lâchés par leur hiérarchie et soumis aux pressions de toutes sortes, les décisions de placement qui peuvent être difficiles à vivre ou encore les menaces à leur encontre, qui se multiplient depuis quelques années(1). Certains éprouvent le besoin de « se blinder », de prendre de la distance, d’autres vont chercher un soutien auprès de psys ou demandent à changer de fonction. « Nous sommes plongés au cœur des déviances sans en conclure que toute la société est comme ça. Chaque fois, c’est la même question : comment un homme peut faire cela ? Je n’ai pratiquement jamais la réponse », lâche l’ancien procureur de la République, Philippe Courroye. Ni infaillible (le procès d’Outreau l’a montré), ni aveugle, la justice apparaît au fil de ces confidences tout simplement humaine.

Notes

(1) A regarder également le documentaire Sois juge… et tais-toi ? de Danièle Alet, vendredi 21 avril à 20 h 30 sur LCP.

Les magistrats sur le divan

Dominique Verdeilhan – Ed. du Rocher – 20,90 €

Culture

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