« Avant il y avait moins de violence dans le quartier, moins de poubelles cramées et de carreaux cassés ; il y avait plus d’enfants qui jouaient dans la rue, des barbecues entre voisins… Tout ça, c’est fini, maintenant, c’est mort », se lamente Loïc, qui n’a pourtant que 15 ans. Déjà, il rêve de partir loin de Lens (Pas-de-Calais) et de sa cité 12-14 pour « avoir un bel avenir, une belle vie ». Au-delà du terril (colline artificielle construite par l’accumulation de résidu minier), existe selon lui un autre monde, où il trouvera un travail qui lui permettra de s’offrir tout ce qui lui fait aujourd’hui défaut. Loïc et Théo, son frère de 10 ans, sont élevés par leur mère. De leur père, ils ne parlent jamais. Tout juste apprend-on qu’il est peintre en bâtiment et qu’il fut une époque où l’argent manquait moins. Vivre à trois avec près de 900 € par mois est loin d’être évident. « Des fois, le matin, je ne déjeune pas. Avant, quand ma mère avait des sous, je mangeais des céréales. Maintenant, juste du café », explique Théo, également lassé des frites qui lui sont servies à chaque repas. Tandis que Loïc tente de vaincre sa phobie scolaire – depuis la classe de cinquième, il est harcelé par ses camarades en raison de son homosexualité –, Théo transforme les ruines de son quartier en vaste terrain de jeu. Il traîne avec sa copine Valeryane, dont il apprend avec surprise que son père a un travail. Certes à l’usine, mais au moins ils ne doivent pas, comme sa mère, faire leurs courses aux Restos du cœur.
Soutenu par l’Unicef, le film documentaire de Frédéric Brunnquell est une réflexion sur les effets dévastateurs de la pauvreté et sur la perte de confiance dans l’avenir, pour ces deux jeunes qui font partie des 3 millions d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté en France.
Programmé dans la case Infrarouge de France 2, ce rendez-vous invite les téléspectateurs à réagir et à commenter en direct sur Twitter via le hashtag #infrarouge.
Enfants du terril.
Vivre malgré la misère
Frédéric Brunnquell – 52 min – Sur France 2, mardi 28 mars à 22 h 55