« Le résident a-t-il bien pris son antalgique ? L’a-t-il refusé, recraché, perdu ? Grâce aux logiciels de gestion des médicaments, on peut désormais tout noter, conserver, tracer. Je peux surtout partager les actes que j’exécute en temps réel avec les trois autres infirmières de la structure », explique Charlotte Dhellin, infirmière coordonnatrice à l’EHPAD Notre-Dame-des-Anges, à Lille. Parmi la ribambelle d’entreprises qui se sont lancées sur ce marché, l’établissement a choisi Teranga Software, qui développe NetSoins, une solution ergonomique et personnalisable. « Le précédent logiciel que nous utilisions n’était pas mobile, alors que celui-ci s’utilise sur tablette, si bien que je peux remplir les tâches accomplies même en marchant », pointe Charlotte Dhellin.
Selon les besoins, différentes solutions de gestion de distribution de médicaments peuvent être envisagées : Malta Informatique, par exemple, propose de choisir entre la saisie sur ordinateur depuis le plan de distribution, le pointage sur tablette ou le scan avec un lecteur-zapette. Directrice de l’EHPAD Les Opalines, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Isabelle Vives a opté pour le module Titan Zapette après un essai avec un autre logiciel « moins intuitif ». « La traçabilité est imparable puisque les soignants scannent le code-barres des boîtes de médicaments et valident la prise au plus près de l’acte, ce qui évite toute déperdition d’information. On sait qui a donné quoi, quand et où. Si jamais une personne âgée fait un malaise, il nous est possible d’imprimer rapidement sa fiche de soin pour répondre aux questions des familles ». « Des données qui peuvent aussi être transmises aux organismes de tutelle, précise pour sa part Michel Duperrier, président de la société Cerig, qui commercialise la solution Cédi’Acte. D’ailleurs, à la suite d’une demande forte des ARS, nous faisons évoluer notre logiciel avec des aides à la prescription, des statistiques sur les consommations médicamenteuses, un livret thérapeutique intégré… »
Les directeurs soulignent l’importance d’un bon service après-vente, avec si possible une assistance téléphonique ouverte 7 jours sur 7 en cas de dysfonctionnement ou de mauvaise utilisation du matériel.
L’un des points importants à valider avec son prestataire est que le tarif inclue une formation au logiciel sur site. Quant à Medgic Group, il développe un outil d’e-learning pour permettre aux nouveaux salariés de se former de façon autonome ou de suivre chaque mise à jour de son logiciel Medgicnet ou de la réglementation. Enfin, concernant la tarification, certains prestataires comme Cerig en proposent deux – selon qu’il y a plus ou moins de 50 résidents – et déterminent le prix en fonction des modules, quand d’autres facturent au nombre exact de résidents. En règle générale, la prestation est déclinée sous forme d’abonnement mensuel incluant les mises à jour. Les logiciels sont proposés soit en mode « hébergé » sur des serveurs agréés, soit en versions full web, disponibles via le navigateur Internet.
« Jusqu’en 2015, les infirmiers recopiaient les ordonnances à la main, témoigne Jean-Paul Furic, directeur du FAM de Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin). A la suite d’un appel à projet, l’ARS nous a octroyé une enveloppe de 28 000 € pour financer un système d’information résidents full web pendant trois ans. Nous avons mis cinq prestataires en concurrence avant de choisir Medgicnet. Cette solution mobile, en plus d’assurer un gain de temps, garantit qu’il n’y ait aucun problème de retranscription. En effet, le professionnel peut valider en direct l’intégralité du plan de soin (douche, bain de bouche, prise de médicament…). Tous les professionnels ayant le certificat peuvent consulter le dossier depuis leur ordinateur. Un médecin peut ainsi prescrire ou envisager des actions depuis son cabinet. Le prestataire travaille sur une option qui permettra à la famille ou au tuteur d’accéder en lecture seule au dossier du résident. » Le directeur, inscrit dans le programme GCS Alsace e-santé, qui accompagne les ESMS dans la mise en place de la télémédecine, trouve ce logiciel de gestion « qualitatif et sécuritaire ». Economique ? « C’est sur quoi l’ARS misait, mais ce n’est pas encore flagrant, regrette-t-il. Pour pouvoir payer l’abonnement à partir de 2018, je dois réduire d’autres postes de mon enveloppe budgétaire. »