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Christophe Pastor

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Enfant, Christophe Pastor se rêvait cuisinier. Enfin, pas vraiment… « J’ai dû dire une fois à mon père que ça me plaisait. Dans sa représentation, c’était un métier manuel avec une possibilité d’évolution. Je n’avais pas l’âme d’un cuisinier, mais je n’aurais jamais osé le contredire ! » Finalement, la trajectoire du fils n’a pas été si différente : quatorze ans après avoir « péniblement » obtenu son CAP cuisine, Christophe Pastor est devenu en 2013, la quarantaine tout juste passée, directeur de quatre établissements et services du pôle « handicap » de l’association HEVEA (Habiter et vivre ensemble autrement), à Pontoise (Val-d’Oise). Un « costard » qu’il a endossé sans mal, après avoir été éducateur technique spécialisé (ETS), puis chef de service au sein de la même association.

La découverte d’un autre monde

« Quand je l’ai reçu en entretien d’embauche, j’ai très vite repéré son potentiel et sa capacité à apprendre, à s’acculturer », se souvient Xavier Desanne, chef de service. Pourtant, sans l’intervention de la cousine de son épouse, jamais Christophe Pastor n’aurait connu le monde du handicap. « Elle était trisomique et travaillait dans un centre d’aide par le travail, raconte-t-il. Leur cuisinier était mort, elle me répétait que je devais le remplacer. » Embauché comme cuisinier, faisant fonction de moniteur-éducateur, il y fait la rencontre déterminante de sept stagiaires handicapés. « J’ai été happé par leur engagement et leur reconnaissance, et mon métier constituait un formidable support pour les approcher. »

En 2006, il décroche son diplôme d’ETS et rejoint l’association Vivre parmi les autres (la future HEVEA), qui regroupe 12 établissements dans les champs de la protection de l’enfance et du handicap(1). Son ambition n’échappe pas à la directrice du pôle « handicap » : « Elle m’a présenté le projet de création d’une nouvelle structure en soulignant les opportunités de carrière », se souvient Christophe Pastor. Le projet prenant du retard, il passe finalement le Caferuis et devient chef de service aux côtés de Xavier Desanne. Jusqu’alors seul cadre intermédiaire, celui-ci vit leur compagnonnage comme « une immense bouffée d’oxygène » et savoure leur « émulation mutuelle ». Quand la directrice quitte son poste, le choix est évident. « A l’ancienneté, j’aurais dû y aller, reconnaît Xavier Desanne. Mais Christophe est beaucoup plus cadrant que moi. Il donne des directions. Et puis il a cette capacité à adopter une nouvelle posture, sans pour autant oublier d’où il vient. »

Savoir s’entourer

L’intéressé confie pourtant avoir eu quelques hésitations. « Je ne m’étais pas du tout préparé à devenir directeur. J’y suis allé par orgueil. » Sa connaissance des structures, de leur fonctionnement, des publics – 90 adultes handicapés répartis dans deux centres d’adaptation à la vie et au travail (Pontoise, Garges-lès-Gonesse), un service d’accompagnement à la vie sociale et des appartements Etap’Appart (Cergy) –, nourrit sa stratégie de développement. Mais devoir diriger ses 32 anciens collègues n’est pas toujours évident. « On est dans une ambivalence permanente. Aujourd’hui, je suis celui qui pilote. Je n’oublie pas qu’avant, j’étais celui qui contestait. Et puis je connais toutes les personnalités, les qualités, les petits travers. On ne peut pas me raconter d’histoires. » La clé pour conserver un regard équilibré ? Savoir s’entourer. « J’échange beaucoup avec le chef de service, le directeur général et la directrice administrative et financière. C’est fondamental pour se décentrer, notamment face à une situation problématique de management. »

Finalement plutôt à l’aise dans le siège du patron, Christophe Pastor ne sait pourtant pas s’il y restera toute sa carrière : « Il y a dans le secteur une charge mentale et émotionnelle usante », observe-t-il. Ce qui l’amuserait vraiment ? « Faire des essais pour la presse automobile. » Pourquoi pas, après tout. « Son parcours dit que tout est possible, conclut le fidèle Xavier Desanne. Il suffit de ne pas baisser les bras. »

Notes

(1) Voir le reportage dans les ASH n° 2747 du 17-02-12, p. 36.

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