La direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) diffuse une note dans laquelle elle livre des « éléments de cadrage et de doctrine » pour guider la prise en charge éducative des mineurs radicalisés ou en danger de radicalisation violente. Un document qui se veut une réponse à l’ensemble des professionnels des secteurs public et associatif de la PJJ préoccupés face à ce public « mal connu » et en augmentation, qu’il s’agisse de mineurs poursuivis dans le cadre de procédures pénales ouvertes au sein du pôle antiterroriste au tribunal de grande instance de Paris et suivis par la PJJ pour des faits en lien avec le terrorisme ou de mineurs dont les parents sont incarcérés à leur retour de zones de conflits ou encore à l’étranger. Devant « l’inédit de ce phénomène […], nous nous trouvons tous, et à tous les échelons, face à une double injonction, indique l’administration : réaffirmer nos valeurs, le bien-fondé de notre organisation institutionnelle et la technicité de nos établissements et services, qui sont solides et aguerris pour aider les publics les plus en difficulté et les plus difficiles, tout en produisant de l’innovation, de la réflexion et la conceptualisation de nos pratiques ».
Face à un public « plus composite » que celui pris habituellement en charge par les établissements et services de la PJJ (hétérogénéité sociale, diversité des infractions relevées, forte proportion de filles et de mineurs bien insérés notamment d’un point de vue scolaire), la DPJJ plaide en premier lieu pour « une prise en charge ancrée dans les savoir-faire, des compétences et des organisations déjà existantes et à renforcer ». Elle fait, à cet égard, de la mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE) – civile et pénale(1) – la mesure clé dans l’appréhension des problématiques en lien avec la radicalisation des enfants et/ou des parents. « Cette approche singulière, globale et pluridisciplinaire des situations permet d’aborder, pour chaque mineur, les causes et les impacts de la radicalisation, les risques liés ainsi que de déterminer les axes d’intervention », explique la direction centrale.
La note insiste par ailleurs sur le principe d’individualisation des prises en charge. La DPJJ se dit attachée à renforcer cette individualisation et à ne pas s’inscrire dans un traitement indifférencié, « regroupant les mineurs au nom d’une même problématique ou d’une quelconque spécialisation des intervenants ou des structures d’accueil ou de prise en charge ». Elle appelle les professionnels à développer des modalités de prise en charge innovantes telles que les séjours de rupture ou de remobilisation ou encore des activités particulièrement adaptées aux besoins d’un public d’adolescents en rupture, au sein de l’ensemble des établissements et services de la PJJ.
La direction de la protection judiciaire de la jeunesse plaide encore pour renforcer cette prise en charge individualisée par « un étayage pluridisciplinaire permettant de « croiser les regards » afin de limiter la subjectivité et de faire reposer l’évaluation sur des éléments et des analyses objectivés ». La mobilisation des référents laïcité et citoyenneté (RLC) est également une ressource en appui des situations complexes, ajoute l’administration, appelant les directions territoriales à poursuivre, en cohérence avec le réseau des RLC, leur travail d’animation et de maillage territorial « afin de soutenir l’individualisation des prises en charge des mineurs radicalisés dans les domaines tels que l’insertion, la citoyenneté, la santé mentale, le loisir, etc. ».
Cinq fiches thématiques complètent la note :
→ « le droit applicable » ;
→ « connaissance du public » ;
→ « soutien aux pratiques professionnelle » ;
→ « contenu et outils de la prise en charge éducative » ;
→ « approches plurielles et partenariales ».
(1) Mise en œuvre par les éducateurs de la DPJJ, qui peuvent être secondés par un assistant social et un psychologue, la MJIE vise à recueillir et analyser des éléments sur la situation scolaire, familiale, sanitaire, sociale et éducative du jeune et de sa famille. Elle constitue une aide au magistrat dans sa prise de décision, lui permettant de vérifier si les conditions d’une intervention judiciaire sont réunies et de proposer, si nécessaire, des réponses adaptées à la situation.