Sombre iceberg

En 2014, les appels traités par le 119 (service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger) ont concerné 60 587 enfants, et près de la moitié d’entre eux ont donné lieu à une information préoccupante. Or, selon l’avocat Yves Crespin, impliqué dans la lutte contre la maltraitance des enfants au sein de l’association L’Enfant bleu, ce nombre ne représente que la partie émergée de l’iceberg. Selon celui qui est intervenu dans le procès d’Outreau ou, plus récemment, dans l’affaire « Fiona », des enfants meurent tous les jours sous les coups de leurs parents, et ce, malgré la prise de conscience de ce problème par la société(1). L’émission « Etat de santé », sur LCP, reçoit l’homme de loi et lui fait commenter plusieurs reportages courts sur les dispositifs qui se déploient sur le territoire. Une incursion parmi les écoutants du 119 – qui se relaient jour et nuit, 7 jours sur 7 – permet d’assister à la prise en charge d’un appel d’une adolescente de 13 ans. L’écoutante explique néanmoins que les enfants font rarement eux-mêmes cette démarche. Ce ne sont, hélas, pas non plus les médecins – leurs signalements ne représentent que 5 % des appels, regrette Yves Crespin. Selon lui, le corps médical est insuffisamment formé à cette problématique et participe aux dysfonctionnements de la détection des enfants maltraités. L’émission invite également à s’immiscer dans le quotidien de l’unité d’accueil médico-judiciaire pour jeunes victimes du centre hospitalier d’Orléans : 4 000 enfants y sont reçus chaque année par une équipe pluridisciplinaire. Dans ce lieu sécurisant, une audition des victimes est réalisée par les services de police et de gendarmerie. Tout y est mis en œuvre pour qu’ils trouvent confort, sérénité et sécurité, mais aussi pour que, au terme de cet entretien et d’une visite médicale, les différents professionnels de santé puissent déceler le vrai du faux dans ces affaires particulièrement délicates.