Le handicap psychique a été reconnu dans la loi du 11 février 2005 au terme d’une longue bataille menée par l’Unafam (Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), rappellent Valérie Boucherat-Hue, psychologue clinicienne et psychanalyste dans un service de psychiatrie, Denis Leguay, Bernard Pachoud, Arnaud Plagnol, psychiatres, et Florence Weber, professeure de sociologie et anthropologie sociale, coordonnateurs de cet ouvrage collectif. Douze ans plus tard, cette innovation sémantique et médico-sociale n’est pas encore entrée dans tous les esprits, ni toutes les pratiques. D’où l’intérêt d’avoir réuni les tenants de différentes disciplines pour faire le point sur les « questions vives » que pose le handicap psychique et populariser la notion. Handicap peu visible, qui présente des difficultés d’évaluation et de définition des actions de compensation à lui apporter, le handicap psychique semble avant tout avoir été pensé pour des adultes connaissant des pathologies au long cours, pas pour des enfants. Ainsi, dans les ITEP (instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques) et dans les services psychiatriques pour adolescents où ils ont enquêté, les sociologues Pauline Blum et Hervé Heinry témoignent des réticences des différents acteurs à utiliser cette catégorie. Pour les professionnels d’ITEP, le caractère durable du handicap s’accommode mal d’une prise en charge qu’ils conçoivent comme temporaire. Quant aux praticiens hospitaliers, ils redoutent l’aspect fixiste d’une étiquette risquant d’enfermer les jeunes dans un statut, au risque d’inférer un type de trajectoire.
Handicap psychique : questions vives
Sous la direction de Valérie Boucherat-Hue, Denis Leguay, Bernard Pachoud, Arnaud Plagnol et Florence Weber – Ed. érès – 30 €