C’est à 45 jours de la présidentielle, le 9 mars, que le Secours catholique a choisi de donner le coup d’envoi de son « tour de France contre les préjugés », un thème de campagne partagé cette année par le secteur associatif. Pour sensibiliser l’opinion publique et les élus, l’association joue à la fois la carte de la proximité de terrain et celle de la communication numérique. Sous la bannière « Liberté, Egalité, sans préjugés », deux bus, partis de Paris, vont traverser jusqu’au 20 avril une trentaine de villes, s’y installer « afin de faire vivre un temps de forum qui permette de dialoguer avec chacun, d’interpeller sur les préjugés comme sur la place et la contribution de chacun dans notre société », décrit le Secours catholique dans un communiqué. « A l’intérieur des bus parcourant la France, chacun pourra découvrir une exposition comprenant chiffres clés et témoignages qui battent en brèche nombre d’idées reçues qui circulent aujourd’hui sur les plus fragiles. »
Un concept que l’association a décliné en plusieurs supports, dont des publications sur les réseaux sociaux, et aussi en une application qui permet de chasser les préjugés sur son smartphone, à la manière de Pokemon Go(1). Le but : « attraper des préjugés géolocalisés et les détruire », engranger des points et progresser par niveau. En effaçant le préjugé – « Les chômeurs sont des glandeurs », « Les pauvres sont logés à l’œil », « L’écologie, c’est un truc de riche » –, le joueur a accès à un message argumenté et chiffré qui le déconstruit.
A l’occasion du lancement de sa campagne, le Secours catholique a publié les résultats d’un sondage sur la perception de la pauvreté et l’engagement solidaire, réalisé en ligne du 6 au 9 février auprès d’un échantillon de plus de 1 000 personnes. Il en ressort que, si les répondants considèrent, en moyenne, une personne vivant seule comme pauvre lorsque ses revenus se situent en dessous de 1 024 € par mois, soit un montant proche du seuil de pauvreté (1 008 €), il existe de grands écarts dans la perception des réalités sociales. Ainsi, 28 % des répondants situent le seuil de pauvreté en dessous de 900 € et 33 % au-dessus de 1 100 €. Les personnes sondées sont 26 % à surestimer le montant du revenu de solidarité active (RSA) (535,17 € pour une personne seule) en pensant qu’il est supérieur à 600 €, tandis que 11 % ne se prononcent pas et que 8 % le situent en dessous de 400 €. Une fois informés, 50 % des répondants jugent que le RSA « n’est pas assez élevé ».
L’enquête a également porté sur les aides sociales. Près de quatre sondés sur dix (37 %) estiment qu’elles sont « insuffisantes », et 34 % les trouvent au contraire « suffisantes ». Plus que leur niveau, c’est l’utilisation des aides qui est interrogée. Les répondants souhaitent, en premier lieu, « la lutte contre la fraude sociale » (50 %), un « meilleur ciblage » et aussi « un meilleur accompagnement des personnes dans leur insertion sociale et professionnelle ». L’opinion publique ne perçoit pas la lutte contre la pauvreté comme du seul ressort de l’Etat, selon les résultats : « Si 44 % pensent qu’il s’agit d’abord de “l’affaire des pouvoirs publics”, 48 % sont plutôt d’avis que cette cause serait aussi « l’affaire de tous les citoyens” ». Ils sont 65 % à penser que les associations d’aide aux démunis « jouent un rôle essentiel » et 44 % à déclarer vouloir, à titre personnel, « agir davantage pour les plus démunis ».
(1) « Chasse aux préjugés », téléchargeable sur Google Play ou Apple Store.