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« Être dans une posture équilibrée avec la personne accompagnée »

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Fin 2015, la Croix-Rouge française se fixait 13 priorités pour promouvoir la participation des personnes en situation de handicap. Alors que le conseil d’administration de l’association vient d’adopter une 14e priorité – « Développer une démarche de communication alternative et améliorée auprès des personnes en situation de handicap accompagnées » au sein de ses établissements –, Céline Poulet, déléguée nationale filière « personnes en situation de handicap », revient sur la mise en œuvre de certaines de ces orientations.
Dans quel esprit ces priorités ont-elles été définies ?

La Croix-Rouge a emboîté le pas à la mission Desaulle « Une réponse accompagnée pour tous »(1), avec l’idée de dire que l’accompagnement des personnes en situation de handicap ne s’arrête pas aux portes des établissements sociaux et médico-sociaux. Comme notre association intervient à toutes les étapes de la prise en charge (petite enfance, sanitaire, personnes âgées, médico-social) et a des dispositifs au cœur de la cité avec des bénévoles, nous avons cette possibilité d’avoir une vision croisée et globale de l’accompagnement.

C’est-à-dire ?

Par exemple, nous avons lancé dans nos crèches un programme de formation sur l’autisme, conformément à l’un des axes du 3e plan « autisme », afin de permettre aux professionnels de ces structures d’avoir une meilleure compréhension des comportements des enfants avec des troubles du spectre de l’autisme. Ce type de formation a vocation à s’étendre à d’autres types de handicap. Nous avons une MECS [maison d’enfants à caractère social] à Grasse [Alpes-Maritimes] qui est adossée à un IME [institut médico-éducatif] : c’est une belle expérimentation qui permet d’accompagner des enfants en situation de handicap qui relèvent de la protection de l’enfance. A l’autre bout de la chaîne, nous travaillons aussi sur le vieillissement des personnes handicapées. Pour cela, nous avons la chance d’avoir des EHPAD [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] spécialisés.

Plus globalement, où en êtes-vous de la mise en œuvre des différentes priorités ?

Certaines sont bien enclenchées. S’agissant de la dixième, qui est d’accepter l’expertise des personnes accompagnées, notamment dans le cadre des actions de formation initiale et continue, nous avons recruté une jeune professionnelle, elle-même en situation de handicap moteur, et nous lui avons demandé de travailler sur cette question. L’objectif est de créer une rencontre entre la personne en situation de handicap et les futurs professionnels qui, demain, accompagneront des personnes handicapées. Elle intervient ainsi en tant que « pair » auprès des étudiants, dans une relation qui permet de changer la posture professionnelle. Elle est par exemple intervenue dans un institut de formation sur la prise en compte des compétences de la personne handicapée, qui doit être considérée comme quelqu’un qui a la capacité d’intervenir dans son propre accompagnement. On cherche ainsi à remettre la personne en situation de handicap dans une posture équilibrée vis-à-vis du professionnel. Derrière cette approche, on retrouve la notion d’« empowerment » : l’objectif est de repenser notre organisation pour favoriser l’autodétermination des personnes handicapées et apporter de la complémentarité entre leurs compétences et celles des futurs professionnels pour une meilleure qualité de l’accompagnement.

Une autre priorité concerne le bénéfice de la pairémulation…

Oui, c’est un élément important qui fait l’objet de la priorité n° 7. Nous avons chargé trois jeunes en situation de handicap d’une mission d’un an pour travailler sur les enjeux de la pairémulation. L’objectif est de mettre en place une plateforme collaborative, un réseau d’entraide à destination des jeunes en situation de handicap afin de les accompagner au mieux dans leur parcours de vie, dans leurs projets d’études et professionnels. Intitulée « Handeway », cette plateforme, qui sera aussi ouverte aux professionnels, devrait voir le jour dans le courant de l’année, sachant que l’idée est de ne pas être redondant avec d’autres plateformes collaboratives. Nous constatons par ailleurs que l’on apprend beaucoup en débattant avec les personnes concernées : parfois, nous pensons que certaines initiatives sont innovantes, alors qu’elles ne le sont pas à leurs yeux.

Notes

(1) Voir ASH n° 2934 du 20-11-15, p. 13.

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