Si les Promeneurs du Net ont fait leurs preuves dans la Manche, le Cher, le Morbihan et l’Ardèche, ils doivent à présent convaincre le reste de la France. Le 27 septembre dernier, à Bourges, lors d’une journée nationale de promotion, le déploiement du dispositif à l’échelle nationale a été lancé. Cette année, environ 70 Caf devraient rejoindre celui-ci. Un comité de pilotage a été chargé de la coordination et du suivi, avec à sa tête Béatrice Martellière, directrice de la Caf du Morbihan. « Même si les modalités de mise en place peuvent varier d’un territoire à un autre, nous sommes dans une logique de labellisation, précise-t-elle. Nous avons créé une charte éthique, commune à tous, afin de définir ce que l’on attend précisément d’un promeneur. Un site national va aussi être mis en ligne. » Le comité devra par ailleurs mener un travail d’information et de communication. « Une journée de formation sur mesure permettra de répondre à toutes les interrogations des professionnels », complète la directrice. Signe d’une véritable volonté institutionnelle, la CNAF a dégagé pour ce dispositif une enveloppe nationale de 500 000 €.
Mais le chemin sera long, comme en témoigne Garlann Nizon, dont le département, l’Ardèche, a rallié les Promeneurs du Net il y a peu. « Au départ, nous avions prévu trop peu de financements et de temps de coordination. Nous avons eu du mal à convaincre certains employeurs », regrette-t-elle. Béatrice Martellière est consciente de ces difficultés : « Nous allons recenser les structures intéressées et les blocages qu’elles pourraient rencontrer. Il faut mettre en place de nouvelles formations, répondre aux freins personnels et techniques, installer un réseau… »
Par ailleurs, lorsque la démarche était seulement locale, l’enjeu de la sécurité paraissait moins essentiel. Ce n’est plus le cas à présent. « Il faut absolument qu’une carte officielle des Promeneurs du Net soit diffusée sur le site, pour éviter que de faux animateurs essaiment un peu partout et anticiper ainsi les craintes des parents », plaide Garlann Nizon. La législation du travail sur l’utilisation des outils numériques dans le domaine professionnel, la confidentialité et le respect de la vie privée devront aussi être reprécisés.
Le déploiement national est un gage de légitimité. « Cela nous donne un crédit supplémentaire, j’ai déjà commencé à le ressentir. Plusieurs départements m’ont recontactée après le séminaire de Bourges, alors qu’ils étaient plutôt réticents auparavant, raconte Garlann Nizon. Certaines structures savent aussi que la CAF est leur premier financeur, donc qu’elles ont intérêt à répondre présent. » Cette généralisation favorisera aussi les partages d’expériences et donc le renforcement du réseau existant. Pascal Lainé espère que « chaque département développera des dispositifs de recherche, de formation et d’action » afin d’analyser ces nouvelles pratiques.
A terme, cette méthode pourrait devenir ordinaire. « Pour ceux qui travaillent en lien avec la jeunesse, il n’est plus envisageable de laisser de côté les réseaux sociaux. Les intégrer dans nos pratiques est devenu incontournable », conclut Pascal Lainé.