Sur la couverture de Chronique du 115, les pieds de l’homme et les pattes de son chien sont enfoncés dans le bitume, comme avalés par le paysage urbain, fondus dans l’asphalte. C’est dire si ce sans-abri vit dans la rue depuis longtemps, plus capable d’en sortir malgré les bras tendus. « On ne peut rien faire s’il refuse de se faire aider, explique un travailleur social. Personne n’a l’obligation de vouloir se soigner. S’il n’en a pas la volonté, malheureusement on est impuissants. » Cette scène est retranscrite en dessin telle qu’Aude Massot, bédéiste-reporter, l’a vécue alors qu’elle effectuait une maraude avec l’équipe du SAMU social de Paris. Dans cette bande dessinée, elle raconte son enquête au long cours sur cette structure. Son reportage façon « caméra embarquée » est élaboré à partir d’interviews de Xavier Emmanuelli, fondateur du SAMU social, de rencontres avec ses salariés, de maraudes, de visites d’une permanence du 115 ou du CHU Romain-Rolland, à Montrouge (Hauts-de-Seine)(1)… Elle y met aussi une grande part d’elle-même, de son quotidien de dessinatrice, de son ressenti et de ses réflexions sur l’exclusion, le rapport au corps, au temps et à l’espace.
Tout commence en juillet 2015, lors de ses premières tentatives auprès du service communication du SAMU social, jusqu’à sa participation, plusieurs mois plus tard, à un atelier cuisine avec des résidents de l’hospice Saint-Michel, à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Entre-temps, Aude Massot aura compris le fonctionnement de ce dispositif né en 1993 et de ses équipes mobiles. C’est en noir et blanc qu’elle décrit case par case cette aventure.
Chronique du 115. Une histoire du SAMU social
Aude Massot, préface de Xavier Emmanuelli – Ed. Steinkis – 17 €