Un mois après ses rencontres nationales d’Angers, les 1er et 2 février, organisées avec le soutien des principales associations d’élus locaux et de plusieurs organisations associatives, l’Observatoire national de l’action sociale (ODAS) a rendu public, le 1er mars, un manifeste « pour une nouvelle citoyenneté », destiné à tous les candidats à la présidentielle ayant recueilli leurs 500 signatures. Alors que « la cohésion de la société » n’est traitée qu’« accessoirement » dans les débats électoraux, a déploré son délégué général, Jean-Louis Sanchez, l’observatoire propose d’en faire une priorité. Mais avec une approche un peu singulière, car « notre proposition ne touche pas une question matérielle et de moyens, mais de posture et de regard. Elle repose sur 27 ans d’observation. »
Pour l’ODAS, « il faut absolument réhabiliter le concept de fraternité », au sens non pas spirituel mais d’un « partage du pacte républicain ». La France « souffre d’un déficit, à ne pas accepter l’idée que sans interdépendance, lien, écoute et entraide, nous allons dans le mur », défend Jean-Louis Sanchez.Le manifeste propose l’organisation d’un événement qui « appellerait la population, les écoles, les services publics à proposer des projets ponctuels ou permanents visant à rétablir liens et repères ». Pour chaque grande proposition de son manifeste, il renvoie à l’une des expériences existantes, décrites sur le site de son « Agence des pratiques et initiatives locales »(1).
L’ODAS plaide pour la généralisation de la « journée citoyenne » et pour la construction d’une « nouvelle architecture du bénévolat ». Sur le plan éducatif, il invite à mettre à contribution les établissements d’enseignement primaire et secondaire. « Si l’école a pour principale mission de délivrer les connaissances élémentaires, elle doit aussi apprendre aux jeunes à s’en servir, en leur donnant notamment des repères collectifs. » A ses yeux, l’ambition de la réforme des rythmes scolaires « ne sera atteinte que par une meilleure intégration de l’école dans son environnement institutionnel et humain, avec les institutions et forces vives de son territoire ». Dans ce cadre, il appartiendrait au maire de multiplier les actions de soutien éducatif et à la parentalité, en s’appuyant sur les bénévoles de sa commune. L’ODAS propose aussi que le département organise des permanences de travailleurs sociaux – des « antennes d’animation sociale » – dans les écoles et les collèges, afin de prévenir et de renforcer les liens avec les familles. Il s’agirait « d’aller à la rencontre des adolescents avant de trouver des situations compliquées, sans attendre que le public pousse la porte. Ce n’est pas un renforcement, mais une réorganisation des moyens », explicite Christophe Béchu, président de l’ODAS et sénateur-maire Les Républicains d’Angers. Autre piste d’articulation entre citoyenneté et cohésion sociale, le manifeste appelle à mobiliser les personnes âgées, notamment sur le temps de socialisation de l’offre périscolaire ou sur des expériences de tutorat des jeunes en insertion.
Est aussi formulé le souhait de « transformer la politique de la ville en politique des villes » en reconnaissant au maire son autorité « légitime » en la matière. Cette clarification permettrait une plus grande mobilisation des élus locaux, « qui ont tous les leviers du vivre-ensemble entre leurs mains », selon le délégué général de l’ODAS. Ces propositions « reposent sur l’instauration d’un climat de confiance entre l’Etat et les collectivités locales » et trois conditions, précise le manifeste : « cesser de modifier constamment les règles concernant [les pouvoirs locaux] pour que leur énergie soit davantage consacrée à l’innovation qu’à la réorganisation permanente », « cesser de faire financer la solidarité nationale par les ressources des collectivités locales afin d’éviter leur asphyxie financière » et « mettre fin à la multiplication des normes pour ne pas étouffer leur capacité d’initiative ». L’ODAS appelle à faire du droit à l’expérimentation « un droit réel ». A sortir des logiques de financement existantes qui privilégient le contrôle a priori, demande plus globalement Christophe Béchu : « L’usine à gaz pour aller chercher des crédits, les justifier, n’encourage pas les initiatives. »
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