Recevoir la newsletter

Blessures fécondes

Article réservé aux abonnés

« La vie n’est pas une rivale », « Accepter la souffrance, lui donner un sens », « Se nourrir de sa faiblesse », autant d’aphorismes que prodigue le philosophe Alexandre Jollien, transformé en personnage de BD et qui s’entretient avec Socrate dans l’adaptation en bulles d’Eloge de la faiblesse, son essai à succès paru en 1999 (éd. du Cerf). Son confrère est l’oreille attentive à qui Alexandre Jollien, infirme moteur cérébral, raconte sa vie, dont une bonne partie passée en établissement médico-social. L’occasion pour celui qui se décrit comme « une étrange créature » de détailler les thérapies qu’il a suivies depuis l’âge de 4 ans pour l’aider à marcher, à s’exprimer, à coordonner ses jambes et ses bras tout en poursuivant un programme scolaire classique. Des journées bien remplies – « Mon seul intérêt, mon seul objectif vraiment sérieux : progresser ! Tout le reste passait après » – pour une existence hors normes qu’il a partagée avec ses amis de l’établissement. Luc, qui n’arrivait pas à parler ; Jean, totalement grabataire ; Philippe, qui faisait moins d’un mètre ; ou Adrien, qui souffrait d’un sévère retard mental… ils étaient toujours là pour le consoler quand ses parents lui manquaient. Et pour celui qui a découvert très précocement sa passion pour la philosophie, ils ont surtout contribué « à [lui] révéler la grandeur humaine ».

Il n’en pense pas autant des professionnels, médecins comme éducateurs, qualifiant de « superficielles » ses relations avec le personnel du centre. « Nous avions droit à des rapports de professionnel à enfant, de médecin à malade, mais jamais nous ne parvenions à discuter d’individu à individu. » Il leur reproche leur immobilisme, et aussi d’avoir toujours préféré traiter les symptômes sans jamais essayer d’en comprendre la cause. Selon lui, l’éducateur devrait être « celui qui aide à accoucher ; qui interroge ; qui réveille les capacités enfouies par les différents obstacles »… Il n’en a pas croisé beaucoup qui correspondent à son idéal.

A travers cette BD au style graphique non réaliste, Alexandre Jollien invite à prendre du recul et à réfléchir au fait que nos blessures ne sont pas des obstacles, et qu’elles peuvent même devenir fécondes si on les accueille avec légèreté.

Eloge de la faiblesse

Alexandre Jollien, Corbeyran (scénario) et Nicolas Tabary (dessin) – Ed. Marabout – 14,90 €

Culture

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur