Ils étaient 12 enfants. A la mort de leurs parents, en 1965, ils ont tous été placés. Colette, 4 ans, est arrivée au « château », un foyer où elle se sentait perdue sans ses frères et sœurs, sans son père et sa mère. Là, pour combler sa solitude, elle parle aux fleurs. « On me prenait pour une anormale. Je ne m’intéressais pas aux autres enfants », écrit-elle dans La petite fille numéro 624, un « voyage intime » dans son histoire. Elle ne témoigne pas pour se plaindre, mais pour inciter le lecteur à se questionner sur les méthodes de la protection de l’enfance, « à une époque pas si lointaine où la notion de l’intérêt supérieur de l’enfant et la Convention internationale des droits de l’enfant n’existaient pas ». Au foyer, Colette apprend la bagarre – « faut apprendre à se défendre, sinon on se fait avoir par les autres ». La vie y est dure : on met les enfants « au cachot » quand ils font des bêtises, on les force à manger leur vomi s’ils rendent leur repas, on ne change pas les draps après une énurésie, on ne les appelle pas par leur prénom mais par leur numéro… Devenue militante d’ATD quart monde, l’auteure reprend sa voix de petite fille pour livrer ici, presque en vrac, le témoignage brut d’une enfant pas gâtée.
La petite fille numéro 624
Colette Ter et Didier Williame – Ed. Quart Monde – 3 € – Disp. sur