Comment entrer en relation avec des adultes en situation de déficience sévère ? En allant les chercher « là où ils sont, dans des mondes si éloignés du nôtre », mais aussi en sachant résister à la frustration devant des évolutions très lentes et souvent infimes, expliquent Françoise Vergne, psychologue clinicienne, et Gérard Medici, psychomotricien, qui ont longtemps travaillé dans une maison d’accueil spécialisée (MAS). Les deux professionnels se sont efforcés de permettre aux résidents de maintenir leurs acquis et d’avoir une vie aussi agréable que possible. Avec des personnes qui ne possèdent pas de langage verbal, ou bien des capacités d’expression très réduites, Françoise Vergne ne croyait pas les psychothérapies possibles. Pourtant, l’intérêt de cette pratique s’est imposé à elle, voire lui a été démontré par les résidents, qui ont souvent pris eux-mêmes l’initiative de la rencontrer – « parfois pour un soutien ponctuel pendant quelques semaines, parfois pour un travail psychique de plusieurs années », témoigne-t-elle. Pour soulager les souffrances physiques et psychiques, Gérard Medici s’appuyait, lui, sur des médiations corporelles (notamment des massages et de la balnéothérapie). Mais les séances peuvent se succéder avec une intervention « quasi nulle » du psychomotricien. « Adieu les techniques de rééducation apprises pendant [les] études », il faut déjà se faire accepter du patient. Soit un long travail d’approche, qui peut alors déboucher sur une réappropriation de son corps par l’intéressé. Cela nécessite bien sûr de la patience et de la persévérance, mais en MAS, « nous avons le temps », souligne Gérard Medici.
La vie en MAS : quel accompagnement ? Expériences croisées d’une psychologue et d’un psychomotricien
Françoise Vergne et Gérard Medici – Ed. érès – 13 €