La fille du secret

« Je ne suis pas ta vraie maman. » C’est en ces termes que Sabine Menet, journaliste, apprend qu’elle a été adoptée. La jeune femme a 33 ans. Elle verse des larmes sur l’enfant qu’elle était, éprouve un sentiment d’étrangeté à l’égard de ses proches « depuis que le masque du secret qu’ils portaient est tombé », puis décide d’aller à la recherche de sa génitrice inconnue, cette « mère mortellement absente » qu’il lui faut retrouver pour vivre et se construire. Nous sommes en février 2008. Commence alors un long travail d’investigation, qui finira quatre longues années plus tard. De cette quête, la jeune femme a fait un récit à la fois haletant et bouleversant, celui d’une fille née sous X mue par le besoin presque animal de s’inscrire dans son histoire généalogique pour pouvoir continuer à avancer. Conspiration du silence, tours de passe-passe d’une administration qui a établi pendant des années des actes de naissance fictifs, espoirs déçus, révélations douloureuses… Née sous X est l’histoire d’un combat sans relâche au cours duquel Sabine Menet va tirer toutes les sonnettes et user de tous les subterfuges pour déjouer les pièges d’une administration « multipliant les ramifications d’une mécanique clandestine particulièrement bien huilée ». Plongée dans les archives du bureau « Adoption » de Bordeaux, recherches à la maternité pour tenter d’avoir accès à son dossier médical, dans les listes électorales des archives municipales, dans la comptabilité des services sociaux de 1974… Aucune piste n’est négligée par la jeune femme, qui va découvrir l’action militante et la solidarité de tous ces nés sous X privés d’histoire et finira par retrouver sa « mère généalogique », qui parle de son abandon comme d’un « avortement actif ». Son récit dénonce l’opprobre jeté sur les mères qui renoncent à leur enfant et les conséquences terribles pour les nés sous X. Un cri de révolte qui est aussi une invitation à ne jamais baisser les bras. « Creusez, mes frères et sœurs du secret. Creusez à vous en arracher les ongles parce qu’au fond du vide, c’est vous que vous retrouverez. Vous que l’on a tenté de passer sous silence », lance la jeune femme à la fin de ce témoignage poignant.