De sas en sas est le premier long métrage réalisé par Rachida Brakni. Tourné dans des locaux désaffectés de l’hôpital Maison-Blanche « parce que ce sont souvent les mêmes architectes qui construisent prisons et hôpitaux psychiatriques », le film est une fiction, même si Rachida Brakni confie avoir puisé dans sa propre expérience pour en écrire le scénario avec Raphaël Clairefond.
On y découvre un univers inédit, celui de femmes qui viennent visiter leur proche incarcéré. Grille après grille, elles pénètrent de plus en plus profond dans l’univers carcéral, dans une touffeur croissante dont la température estivale n’est pas seule responsable. L’attente sur le parking, le passage du premier portique de sécurité, les toilettes où les femmes s’apprêtent et laissent leurs effets personnels dans des casiers, la prise de rendez-vous pour les visites suivantes, la remise du linge propre… Un circuit long, lent et éprouvant pour obtenir trente minutes de rencontre avec leur homme.
Au fil de la progression qui amène ces femmes à expérimenter elles-mêmes l’emprisonnement et la soumission à la hiérarchie pénitentiaire, se révèlent le ressenti et le vécu de chacune. On découvre l’épouse, la mère, la sœur, la fille, originaires de différents milieux sociaux, qui finissent par si bien se connaître à force, chaque mois, de parcourir les mêmes étapes successives. Des amitiés et des oppositions se créent. Néanmoins, dans ce quasi-gynécée, l’intimité est régulièrement rompue par la présence des surveillants. Des hommes pour la plupart, symbole d’autorité et de pouvoir, mais dont les rôles sont travaillés avec subtilité, durs mais aussi humains, rigoureux mais aussi corruptibles et fragiles.
De sas en sas
De Rachida Brakni, avec Zita Hanrot – 1 h 22 – En salles le 22 février