Après la publication du « consensus de Blois » appelant à une « nouvelle politique » de santé mentale(1), l’Unafam (Union des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), la fédération Santé mentale France et l’association AIRE (Association des ITEP et de leurs réseaux) ont lancé, le 9 février, un appel aux candidats à l’élection présidentielle « pour qu’un véritable plan psychique soit intégré dans leur programme ». Les deux démarches ont été menées en parallèle et sont complémentaires, explique Fabienne Duboscq, directrice générale de l’Unafam, organisation qui a par ailleurs contribué au « consensus de Blois ». « Plus il y a d’initiatives menées dans ce sens, plus il y a de chances que cette question primordiale soit prise en compte, relève-t-elle. Notre démarche se veut cependant plus militante puisqu’elle est associée à une pétition. » Après avoir rappelé que « les maladies psychiques représentent cinq des dix pathologies les plus préoccupantes du xxie siècle » et concernent 2 millions de personnes en France, ce texte, accessible sur la plateforme Change.org, déplore que, « quel que soit le gouvernement, les moyens mis en place jusqu’alors pour répondre à cet enjeu de société et de santé n’[aient] pas été à la hauteur ». Pour preuve : les personnes vivant avec des troubles psychiques peinent toujours à accéder aux soins, aux droits sociaux, à l’éducation, au logement, à l’emploi, autrement dit « à une citoyenneté pleine et entière ». En interpellant ainsi les candidats à l’élection présidentielle, l’Unafam, Santé mentale France et AIRE entendent changer la donne.
Le « plan psychique » qu’elles appellent de leurs vœux doit s’articuler autour de quatre axes prioritaires, détaillent-elles(2). Le premier concerne les parcours de soins, l’objectif étant de garantir à chacun l’équité d’accès, sur chaque territoire, à des « soins de qualité et diversifiés » incluant prévention, réponses aux urgences, continuité du suivi en ville, diagnostic, évaluations, soins somatiques et pratiques avancées infirmières. Il importe aussi de prévoir des dispositifs de transition de la pédopsychiatrie vers la psychiatrie adulte et de la psychiatrie adulte à celle du sujet âgé comme du secteur du handicap au secteur des personnes âgées. Le deuxième axe, concomitant au premier, s’organise autour des parcours de vie, afin de permettre l’accès aux droits fondamentaux (formation, logement…). Là encore, celui-ci repose sur le principe d’équité territoriale.
Autre enjeu : lutter contre la stigmatisation et favoriser l’accès à la citoyenneté, à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie nationale et d’outils de communication sur les troubles psychiques et/ou le handicap d’origine psychique, mais aussi via la promotion des contrats locaux de santé mentale. La dernière priorité a trait au soutien aux aidants et aux associations d’usagers et de familles. Ceci à la fois en leur apportant une reconnaissance, notamment de leur savoir « expérientiel », en développant les GEM (groupes d’entraide mutuelle) et en prévoyant des financements pluriannuels pour sécuriser les moyens des associations.
Les trois organisations et les signataires de la pétition souhaitent que les candidats assortissent le « plan psychique » d’« une programmation budgétaire à la hauteur des besoins », d’un engagement sur des « échéances réalistes et réalisables », de la mise en place d’indicateurs pour évaluer objectivement ce plan, dont la mise en œuvre sera assurée par « une autorité vraiment responsable ». Ils réclament également « un suivi et une évaluation sérieuse avec les parties prenantes telles que les associations ».
(2) En ligne, tout comme la pétition associée, sur