La « réponse accompagnée pour tous » pose une question à l’ensemble des acteurs: comment mettre en place une dynamique de projet individualisé autour d’une personne, alors que les structures se sont rigidifiées pour des questions financières, de gestion, de normes et qu’on a fini par penser que le cadre était tellement contraignant qu’il prédominait sur tout? Il s’agit de revenir à la source de la création du secteur médico-social qui établissait la primauté de la personne et de son projet. Pour cela, il faut redonner aux acteurs des éléments de souplesse, tout en garantissant la qualité de gestion et en restant dans un cadre financier stable.
La nouveauté, c’est que chacun, décideur comme professionnel, s’accorde sur le même objectif de mettre fin aux ruptures de parcours. Il ne s’agit plus de décliner l’avis du national, mais de se réunir au niveau des territoires pour voir ce qu’il est possible de mettre en place ensemble. C’est donc une démarche très pragmatique reposant sur une même volonté d’agir. D’où l’importance des groupes opérationnels de synthèse constitués lorsqu’une personne reste sans solution, qui permettent la rencontre autour d’une table des acteurs ayant à connaître la situation. Un peu à l’image des procédures mises en place aujourd’hui dans les établissements pour les événements indésirables graves, il s’agit de travailler sur les événements indésirables graves de parcours. C’est-à-dire la manière dont les institutions d’un territoire peuvent laisser, à un moment donné, quelqu’un dans les interstices des dispositifs.
Il s’agit de lancer une démarche de transformation sur les territoires, puis de faire remonter les éventuels points de friction ou les éléments à améliorer. Il est donc probable qu’il faudra, ici ou là, affiner la réglementation. En même temps, on retrouve des éléments d’assouplissement dans un ensemble de mesures adoptées récemment par le gouvernement, qu’ils s’attachent au travail accompagné, au logement ou à la scolarisation. Nous travaillons donc par petites touches à lever les blocages, plutôt que dans la perspective d’une nouvelle loi « handicap ». En effet, les grands principes d’une « réponse accompagnée pour tous » sont dans la loi « handicap » de 2005.
Une chose est certaine: les personnes sans solution représentent une réalité dont on ne peut plus se satisfaire collectivement. S’il incombe aux maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) d’organiser la réunion des partenaires, elles ne sont pas les seules responsables pour traiter de ces situations. Grâce à leur ancrage local, les établissements et services qui identifient une personne dont l’orientation est insatisfaisante peuvent très bien proposer à la MDPH un plan d’accompagnement global. Si tout le monde renvoie la balle à la MDPH, nous serons en difficulté. Mais si chacun considère qu’il est de son devoir de rechercher une réponse dans un esprit collaboratif, alors nous aurons avancé.