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Un texte de consensus pour une « nouvelle politique » de santé mentale

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Parce que la santé mentale reste « un sujet méconnu, aussi bien par le grand public que par les candidats à la présidentielle », trois organisations viennent de publier un « plaidoyer pour une nouvelle politique de santé mentale ». Intitulé « le consensus de Blois »(1), ce document rassemble les propositions issues du colloque organisé dans la ville du Loir-et-Cher le 10 novembre dernier par l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux), l’ADESM (Association des établissements participant au service public de santé mentale) et Santé mentale France. Outre ces trois organisations, l’Unafam (Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques), la Fédération des acteurs de la solidarité, la Fédération Addiction, Advocacy France, l’Armée du salut et la Mad pride ont contribué à l’élaboration de ce texte qui définit 11 défis « prioritaires » et formule huit propositions opérationnelles pour les relever.

Premier défi identifié, celui de « la participation active des personnes en difficulté psychique sur tous les aspects que suppose le plein exercice de leurs droits de citoyens ». Les organisations proposent notamment d’associer les usagers des services de santé à la définition et à la mise en œuvre de leurs parcours de vie et de santé, d’accorder aux représentants d’usagers « un statut légal ou réglementaire qui prenne en compte leur mission de représentation » et de fournir à ces derniers les « moyens logistiques et financiers de leur participation » (frais de déplacements et de représentation…).

Il y a par ailleurs nécessité d’adapter les dispositifs et les pratiques professionnelles aux « besoins particuliers des usagers présentant une situation complexe, où les troubles psychiques sont corrélés à d’autres facteurs aggravants (précarité, conduites addictives, difficulté d’accès au logement et/ou à l’emploi, etc.) ». Les signataires du texte suggèrent par exemple de généraliser la nomination d’un coordinateur de parcours – qui est une « fonction, non pas un nouveau métier », précisent-ils – pour « articuler et mettre en cohérence les actions des acteurs autour de la personne ».

Autres enjeux : le décloisonnement et l’articulation entre les secteurs sanitaire, social et médico-social, qu’il convient d’« approfondir pour garantir une continuité » dans l’accompagnement des personnes. Ce qui implique « la nécessaire mise en place de formations croisées et transversales pour que les professionnels des différents secteurs puissent faire face ensemble aux nouvelles réalités et pratiques en santé mentale », en tenant compte de l’apparition de nouveaux concepts (pouvoir d’agir/empowerment, remédiation cognitive, éducation thérapeutique…) qui « ont fait leur preuve en France ou à l’étranger ».

Les rédacteurs du « consensus de Blois » estiment également prioritaire d’inscrire « l’offre de soins et d’accompagnement en santé mentale dans le territoire de proximité des usagers ». Selon les participants au colloque, le « niveau territorial suffisant » évoqué par la loi santé « doit être défini comme le bassin de vie des personnes » et « être articulé avec les territoires de démocratie en santé ». Les organisations recommandent notamment de prévoir, dans chaque bassin de vie, des « réponses ambulatoires connues de la population et des professionnels, repérables et réactives favorisant le maintien au domicile dans une logique “d’aller-vers” ». Ce qui nécessite « d’adapter en conséquence le financement de ces dispositifs ». Elles plaident en outre pour que soit assurée « une répartition équitable de l’offre de soins et d’accompagnement en santé mentale sur l’ensemble des territoires ». Pour cela, il faut que le « panier de services » prévu par le rapport « Laforcade » relatif à la santé mentale(2) soit appliqué partout dans les territoires.

Il faut par ailleurs « généraliser les dispositifs d’accueil, d’évaluation, de diagnostic et d’orientation à accès rapide », comme par exemple les consultations sans rendez-vous pour la psychiatrie, et mettre en place une « réponse rapide aux situations d’urgence et de crise à domicile ». Enfin, un des enjeux majeurs est de « faire de la prévention et de la promotion de la santé mentale une priorité », en commençant la prévention dès le plus jeune âge et en donnant « les moyens à la pédopsychiatrie de développer des dispositifs de prévention et d’accompagnement à l’attention des proches qui en ont besoin ». Les signataires du « consensus de Blois » appellent également à un changement de regard du grand public vis-à-vis de la santé mentale, via une grande campagne nationale notamment, et à « la déstigmatisation des personnes en difficulté psychique ». Enfin, ils prônent le développement de la recherche et de l’innovation en santé mentale.

En parallèle de cette démarche, le Collectif schizophrénies, qui rassemble six associations de familles et de personnes malades, lance un appel aux candidats à l’élection présidentielle pour qu’ils publient leur programme pour la santé mentale. Le collectif s’étonne en effet que ce sujet « demeure absent [des] programmes électoraux, alors que plus de 2 millions de personnes vivent avec des troubles psychiques sévères, soit au moins 10 millions de personnes concernées en comptant l’entourage ».

Notes

(1) « 2017 : Quels défis pour la santé mentale » – En ligne sur www.uniopss.asso.fr.

(2) Voir ASH n° 2981 du 28-10-16, p. 8.

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