A la demande conjointe de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale et l’Enseignement supérieur, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) a rendu un avis, suivi de recommandations, relatif à la prévention et à la prise en charge des infections sexuellement transmissibles (IST) chez les adolescents et les jeunes adultes, définis par la tranche d’âge 15-29 ans(1). Publié le 7 février, cet avis s’inscrit dans un contexte évolutif (évolution du cadre de l’action publique, des modes de vie des jeunes, des comportements sexuels…) et répond à une préoccupation des pouvoirs publics face à l’« augmentation préoccupante et continue des IST, qui touchent toutes les tranches d’âge, mais surtout les jeunes », indiquent les deux ministres dans leur lettre de saisine. Le CNS a donc procédé à une analyse des besoins et des pratiques des jeunes, des attentes et de la formation des professionnels agissant auprès d’eux ainsi que de la cohérence des actions publiques. Il propose, à partir de ses différents constats, de nombreuses recommandations visant à « optimiser la lutte contre les IST chez les jeunes, en l’adaptant à leur diversité et aux évolutions de leurs modes de vie et de leurs comportements sexuels ».
Le conseil s’est notamment penché sur la coordination nationale et régionale de la politique de lutte contre les IST chez les jeunes. A ce titre, il propose de faire de la lutte contre les IST chez les jeunes une priorité des politiques publiques de promotion de la santé, notamment à travers la stratégie nationale de santé sexuelle en cours d’élaboration(2). Cette politique suppose une coordination des relais régionaux, c’est-à-dire les rectorats et les agences régionales de santé (ARS). Le CNS recommande ainsi de renforcer le rôle de pilote des ARS en la matière, en faisant par exemple de la politique de lutte contre les IST chez les jeunes une priorité des schémas régionaux de santé. L’activité de l’agence régionale de santé doit, par ailleurs, être coordonnée avec l’action et le financement des opérateurs de santé et médico-sociaux afin « d’assurer un accès de proximité aux mineurs et aux jeunes adultes, en particulier précaires, dans le domaine des IST et de la santé sexuelle », explique l’instance. Elle souligne, en outre, que le système éducatif joue un rôle majeur en matière de prévention et de dépistage des IST. Et, à ce titre, demande, par exemple, que les infirmières scolairespuissentproposer et réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique au cas par cas.
Autre recommandation du conseil : favoriserl’accès de tous les jeunes aux opérateurs publics de santé impliqués dans la lutte contre les infections sexuellement transmissibles. Il préconise ainsi de lever l’obligation d’accompagnement par un adultedu mineur souhaitant garder le secret sur son état de santé dans le cadre, entre autres, des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), lesquels « jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les IST ». Il souhaite aussi que les centres de planification et d’éducation familiale soient confortés dans leurs missions de santé sexuelle, dont le dépistage et le traitement des IST, « en raison de leur rôle dans l’accueil des jeunes mineurs et précaires ».
Le conseil propose aussi de sensibiliser les structures sociales, médico-sociales et médico-psychologiques spécialisées dans l’accueil et l’accompagnement des jeunes en situation précaire au dépistage des problèmes liés à la santé sexuelle et à des partenariats avec des centres médicaux. Les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues et centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, notamment, sont, selon le CNS, des structures qui ont un « rôle important à jouer dans la lutte contre les IST car les addictions en majorent le risque ». Il en va de même pour les espaces « santé jeunes » ou les maisons des adolescents qui « ont pour mission de faciliter leur accès aux droits sociaux, à la prévention et au soin, ou à l’insertion sociale et économique ».
Enfin, face au « déficit d’information et de formation aux contenus et à la pédagogie de l’éducation à la sexualité » rapporté par les intervenants de la lutte contre les IST chez les jeunes, le CNS préconise de renforcer la formation de ces professionnels (systèmes éducatif et de santé, secteurs médico-social et associatif) sur les déterminants actuels de vulnérabilité et de risques accrus aux infections.
(1) Avis disponible sur
(2) Voir notamment ASH n° 2958 du 29-04-16, p. 9 et n° 2980 du 21-10-16, p. 52.