En présentant le bilan statistique 2016 des actes racistes, antisémites, antimusulmans et antichrétiens le 1er février, le ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant : « Sur la totalité des indicateurs concernés, on constate une forte diminution de 45 % », a indiqué Bruno Le Roux, affichant toutefois une « vigilance toute particulière » face à des atteintes aux lieux de culte chrétiens en hausse.
Dans le détail, les actes à caractère raciste (c’est-à-dire visant des personnes ou des groupes en raison de leur identité ethnique réelle ou supposée) sont, plus spécifiquement, en baisse de 24 %, selon le ministre.
La baisse est encore plus nette concernant les actes antisémites puisqu’elle est de 59 % (335 actes antisémites enregistrés contre plus de 800 en 2015).
Les chiffres de la Place Beauvau montrent encore une très forte diminution des actes antimusulmans. Après une année 2015 marquée par une véritable explosion (+ 223 % par rapport à 2014, avec 429 actes au total), ils ont baissé de près de 58 % l’année suivante (182 actes enregistrés).
« Pas de triomphalisme néanmoins », a prévenu le ministre. Un point noircit, du reste, le tableau : les atteintes aux sites chrétiens (lieux de culte et sépultures), comptabilisées à part, ont augmenté de 245 % entre 2008 et 2016. Avec 949 faits enregistrés l’an dernier – en hausse de 17,4 % par rapport à 2015 –, ils représentent 90 % du total des atteintes aux lieux de culte (chrétiens, juifs ou musulmans).
En outre, ces statistiques sont de toute façon à nuancer. Elles sont en effet basées sur le nombre de plaintes déposées par les victimes. Or, Bruno Le Roux le reconnaît lui-même : les actes racistes et antisémites « restent encore trop peu déclarés ». Il espère à cet égard que l’élargissement du dispositif de pré-plainte en ligne aux faits de discriminations et aux infractions de presse à caractère raciste, antisémite ou discriminatoire – qui doit faire l’objet d’une expérimentation – permettra, au-delà de simplifier et d’accélérer le traitement des plaintes, d’encourager les personnes victimes de ce type d’actes à porter plainte.