« Investir aujourd’hui pour en récolter les fruits demain. » Telle est la logique qui sous-tend l’investissement social, a rappelé la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, le 26 janvier dernier, en clôturant le cycle de séminaires sur cette thématique lancé un an plus tôt par France Stratégie, en partenariat notamment avec la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), la direction générale de la cohésion sociale et la Fondation des Apprentis d’Auteuil. « Il est aujourd’hui essentiel que nos politiques publiques se basent également sur une approche qui intervienne plus en amont, dans une logique de “prévention” des ruptures et des accidents de la vie, dans une logique de renforcement des capacités des individus pour les aider à mieux rebondir en cas de difficultés, pour les aider à aller vers l’émancipation et à évoluer plus librement dans leur vie personnelle et professionnelle. C’est de cette logique qu’est né l’investissement social […], qui invite à penser la dépense sociale comme productrice d’une richesse, différée certes, mais une richesse quand même », a ajouté Ségolène Neuville. Et la secrétaire d’Etat de citer l’exemple de l’expérimentation « un chez-soi d’abord », pérennisée et généralisée à l’ensemble du territoire depuis le 1er janvier(1) après avoir fait l’objet d’une évaluation(2) qui, selon elle, « vient de prouver scientifiquement qu’il était beaucoup moins coûteux pour les finances publiques de fournir un logement et un accompagnement à domicile pour des personnes sans abri vivant avec des problèmes psychiatriques, tout simplement parce que les personnes qui sont à la rue se font plus hospitaliser qu’avec un accompagnement à domicile ».
Pour Ségolène Neuville, « la question qui se pose aujourd’hui, et la question centrale liée à cette démarche d’investissement social, est donc bien celle de l’évaluation ». Une question sur laquelle France Stratégie et la CNAF se sont aussi penchées dans une note intitulée « Peut-on estimer le rendement de l’investissement social ? »(3), qui souligne tout à la fois la nécessité de cette évaluation – si l’investissement social « repose sur l’idée que l’argent dépensé aujourd’hui va rapporter plus tard […], encore faut-il fournir la preuve de ces retours sur investissement » – et les difficultés méthodologiques pour aboutir à une évaluation « robuste » permettant à l’investissement social de « conquérir sa crédibilité ».
Selon la secrétaire d’Etat, la Fondation pour l’investissement social et le développement humain, lancée récemment(4), « aura justement pour objet de financer l’évaluation de projets sociaux, pour en mesurer les retombées sociales, économiques et financières ».
(1) Voir ASH n° 2992 du 13-01-17, p. 26.
(2) Voir ASH n° 2966 du 24-06-16, p. 10.
(3) Note disponible sur
(4) Voir ASH n° 2993-2994 du 20-01-17, p. 7.