Issus en 2005 des instituts de rééducation (IR), les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP) ont été d’emblée appelés à rompre « avec l’ancienne notion de “placement” en établissement spécialisé pour lui substituer celle d’“accueil en dispositif” », rappelle Serge Heuzé, formateur-conseil dans le secteur social et médico-social, membre fondateur de l’association des ITEP et de leurs réseaux (AIRe). A la différence des institutions totales décrites par le sociologue Erving Goffman, le « dispositif ITEP » a vocation à proposer des modalités d’intervention diversifiées et à mettre en œuvre des coopérations interinstitutionnelles pour ajuster au plus près son accompagnement aux problématiques psychiques évolutives des jeunes qui lui sont adressés. Mais ce mode de fonctionnement a du mal à entrer dans les mœurs. Les recherches menées sur le terrain depuis 2013 en attestent, qui montrent le caractère plus qu’inachevé de la transformation des conceptions et des pratiques. Pourquoi le changement se révèle-t-il si lent et difficile ? Les obstacles sont pour partie externes, et notamment liés à des notifications d’orientation trop restrictives par les CDAPH (commissions des droits et de l’autonomie des personnes handicapées) et à des problèmes de régimes de tarification. Il y a aussi des freins internes, surtout relatifs aux modifications organisationnelles, qui ont « des impacts directs sur les conditions de travail et les “métiers” des personnels », souligne Serge Heuzé. En explicitant de façon très pédagogique les enjeux des évolutions attendues, le spécialiste souhaite contribuer à leur appropriation.
Le dispositif ITEP. Un concept d’intervention
Serge Heuzé – Ed. Champ social – 21 €