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Chiffres de la délinquance en 2016 : l’Intérieur dresse un bilan mitigé… et jugé prématuré par l’ONDRP

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Le ministre de l’Intérieur a, le 19 janvier, profité de ses vœux à la presse pour présenter les chiffres de la délinquance en 2016. A trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, Bruno Le Roux a souligné que les résultats obtenus en 2016 l’avaient été « au cours d’une année particulièrement intense », marquée par une crise migratoire sans précédent et plusieurs attentats. Trois grandes tendances méritent, à ses yeux, d’être relevées : la stabilisation de la « délinquance d’appropriation » – c’est-à-dire les vols en tout genre et les cambriolages –, la poursuite de l’augmentation des violences physiques non crapuleuses et des violences sexuelles et la très légère augmentation du nombre d’homicides.

En premier lieu, Bruno Le Roux s’est félicité que la délinquance d’appropriation se soit « globalement stabilisée ». « Certains indicateurs montrent [même] une tendance à la baisse, parfois dans des proportions très importantes, entre 2015 et 2016 », souligne-t-il. Depuis 2012, du reste, le ministre observe une tendance globale à la baisse des principaux indicateurs. « Pour la plupart d’entre elles, les différentes catégories de délinquance d’appropriation ont diminué ou bien se sont stabilisées au cours de ces quatre dernières années », a souligné le pensionnaire de la Place Beauvau.

Par ailleurs, a-t-il indiqué, l’INSEE a relevé une autre tendance positive en s’appuyant sur les enquêtes de victimation portant notamment sur les actes de vandalisme et de dégradation volontaire contre des logements ou bien des véhicules, « c’est-à-dire, selon le ministre, des actes susceptibles d’empoisonner le quotidien de nos concitoyens » : « alors qu’entre 2007 et 2011, le nombre d’actes de ce type se situait en moyenne autour de 3,2 millions de faits par an, depuis 2012, ce nombre n’a cessé de diminuer, et ce de façon significative, pour se stabiliser autour de 2,8 millions en 2015 ».

En revanche, et c’est une autre grande tendance de 2016, certaines formes de délinquance ont continué d’augmenter, « certes de façon modérée » : les violences physiques non crapuleuses et les violences sexuelles. « Un sujet de préoccupation particulièrement sérieux » aux yeux de Bruno Le Roux. Les coups et blessures volontaires ont ainsi légèrement augmenté de 1 % entre 2015 et 2016, tout comme les délits de menaces. Un phénomène qui « traduit une montée de la violence dans notre société, un durcissement des rapports sociaux entre les individus », a déploré le ministre. « C’est notamment le cas dans la sphère familiale, où ont eu lieu, l’année dernière, 44 % des crimes et délits de coups et blessures volontaires. »

Les atteintes sexuelles ont, pour leur part, augmenté de 7 % entre 2015 et 2016. Là encore, « nombre d’entre elles sont commises dans le cadre familial ». C’est par exemple le cas de 30 % des viols, a précisé Bruno Le Roux. « Leur nombre, comme d’ailleurs celui des coups et blessures volontaires, reste cependant sous-évalué, une part importante des victimes ne déposant pas plainte. »

Dernière grande tendance relevée par le ministre : le nombre d’homicides a, en 2016, connu une légère augmentation par rapport à 2015 : + 2 %. Une évolution qui s’explique largement, comme il y a deux ans, par le nombre de victimes des attentats terroristes. « Si l’on excepte les attentats du décompte global, le chiffre des homicides demeure stable au cours de ces cinq dernières années », a assuré Bruno Le Roux.

L’ONDRP critique le bilan dressé par le ministre

Démarche peu commune, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) – organisme placé sous tutelle du Premier ministre – a, le même jour dans un communiqué, critiqué le bilan dressé par le pensionnaire de la Place Beauvau, qu’il juge prématuré. Pour l’ONDRP, en effet, « il n’est pas possible d’établir le bilan de l’action des services de police et de la gendarmerie dans leur lutte contre la délinquance » en se fondant sur les seules statistiques des faits constatés par ces mêmes services et unités. En premier lieu parce que ces chiffres sont partiels, les victimes ne portant pas automatiquement plainte, écrit-il. En outre, « en jugeant les forces de l’ordre à partir des données qu’elles collectent elles-mêmes, on crée une forte incitation au maquillage statistique ». Enfin, selon l’ONDRP, « le bilan 2016 devra attendre la fin de l’année lorsque l’on disposera des résultats de l’enquête “Cadre de vie et sécurité” – dite “enquête de victimation” – qui a lieu en 2017 »(1). « Il est indispensable de se montrer patient », prévient-il.

Notes

(1) Rappelons que l’observatoire effectue ce type d’enquête tous les ans pour établir les « tendances » de la délinquance, en invitant les Français à donner leur ressenti sur le sujet.

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