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Lancer un projet architectural

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Un projet architectural représente bien souvent un défi : il faut concilier les besoins du public, le projet de l’établissement et de fortes contraintes budgétaires et réglementaires. D’où une longue phase de définition et d’adaptation du cahier des charges avec le personnel, l’architecte et les partenaires.
Etudier les besoins en impliquant le personnel

« L’essentiel est d’identifier précisément les profils et les attentes des résidents et des personnes âgées habitant dans les environs. Nous y avons travaillé dès le début avec la psychologue, l’infirmière coordinatrice et l’équipe », relate Xavier Cura, directeur de l’EHPAD public La Sérigoule, à Tence (Haute-Loire), lauréat 2016 du prix CNSA de la réalisation médico-sociale pour personnes âgées. Cela a permis de concevoir des unités adaptées à chaque public et de prendre en compte la part importante de résidents atteints de troubles cognitifs (50 %). « Pour ceux-ci, nous avons imaginé des solutions. Par exemple, si un résident pousse une porte de sortie d’un bâtiment, un système d’alerte se déclenche : les téléphones des professionnels sonnent », expose le directeur. Cette première phase d’étude est fondamentale. L’EHPAD public de Fanjeaux (Aude), qui a inauguré en 2010 un bâtiment comprenant un secteur protégé de 24 lits, modifie déjà ses plans. « Le secteur protégé est trop grand, ceux qui sont agités dérangent les autres, cela suscite des conflits. Nous allons le réduire à 10 ou 12 lits et créer une unité pour personnes handicapées vieillissantes », indique Danièle Plauzolles, adjointe des cadres de l’établissement.

Ajuster le projet aux contraintes

La première contrainte est budgétaire et peut obliger à revoir le projet. Mieux vaut anticiper que de réviser les plans en cours de route. « En plus de combiner IME, Sessad et crèche dans le même ensemble appelé “Le Petit Jardin”, nous souhaitions créer une maison dédiée à l’accueil temporaire, mais nous n’avons pas eu un budget suffisant. Nous avons donc organisé cet accueil dans le même bâtiment que l’IME et le Sessad, témoigne Pascal Fauvel, directeur du pôle « ressource petite enfance » de l’association La Bourguette, qui rayonne en Provence. En revanche, nous avons pris du temps pour trouver les financements destinés à la création d’un espace de balnéothérapie, qui nous semblait important pour un public d’enfants autistes. »

La seconde contrainte, légale et réglementaire, doit être prise en compte dans la définition du cahier des charges. « De multiples questions sont à poser. Qu’est-ce que l’usager peut ou ne peut pas faire, par exemple dans la cuisine ? Peut-il circuler librement dans le bâtiment ? Y a-t-il des mesures de sécurité à prendre ? », énonce François Freund, architecte, qui a mené de nombreux projets dans le secteur social et médico-social. « Il existe parfois des contradictions entre des normes de sécurité et le projet de vie. Une association voulait développer l’autonomie des autistes, qu’ils fassent eux-mêmes le ménage dans leur salle de bains, mais le sol antidérapant exigé par la réglementation est un peu rugueux et difficile à laver. Il n’a pas été possible de choisir un sol différent », observe François Freund.

Considérer les risques professionnels

Il existe des ratios de surface pour les chambres dans les foyers d’hébergement, un cahier des charges pour le pôle d’activités et de soins adaptés… dont il faut tenir compte dès la conception du projet. Il s’agit aussi de négocier des compromis avec les financeurs. « Notre projet d’origine était de placer la crèche, qui accueille enfants ordinaires et handicapés, au centre du bâtiment, pour qu’elle soit en lien avec tous les services. Mais la PMI a demandé que la crèche ait une identité, avec une entrée indépendante. Nous avons dû la placer sur un côté du bâtiment », retrace Pascal Fauvel. Pour prendre en compte les risques professionnels, il est utile de solliciter dès le début les services de santé au travail. « Nous avons prévu des rails de transfert dans toutes les chambres afin d’éviter que le personnel se fasse mal en aidant les résidents à se lever et se coucher », note Xavier Cura. De même, il importe de solliciter des partenaires tels que l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour intégrer dès l’origine les nouvelles normes énergétiques et réduire la consommation. Un EHPAD a ainsi fait l’erreur de s’équiper d’une chaufferie bois et de panneaux solaires dans un bâtiment pas assez isolé – trop chaud l’été, trop froid l’hiver – et doté de grandes baies vitrées…

Programmiste ou pas ?

« Il est nécessaire de définir un cahier des charges, avec un programmiste ou directement avec l’architecte », martèle François Freund, architecte, qui regrette l’absence fréquente de programme dans la phase d’élaboration du projet architectural quand il est sollicité par des associations du secteur social et médico-social. Pas évident, selon Xavier Cura, qui dirige l’EHPAD de Tence, car la complexité des projets est grande et la réglementation évolue. « Le programmiste n’a pas été très utile. Le plan “Alzheimer” est sorti après qu’il a fait ses recommandations et nous a obligés à revoir notre projet. Nous avons surtout travaillé avec l’architecte », confie-t-il.

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