Une référence, la « plateforme budget » de Grenoble

C’est en proposant, en 2009, un service de microcrédit personnel que le centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble se rend compte des difficultés de surendettement de sa population. Une part importante des demandes de microcrédit relève d’un besoin de trésorerie, avec en ligne de mire des dettes à régler. Plus de 50 % des candidats ne correspondent pas aux critères du dispositif en raison de problèmes bancaires ou de leur incapacité à rembourser. C’est ce qui amène le CCAS, un an plus tard, à se lancer, avec l’appui technique de l’Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA), dans la création d’une « plateforme budget ». Ce service téléphonique couplé à un point d’accueil est gratuit et confidentiel. Animé par des conseillers en économie sociale et familiale, il est ouvert à tous les Grenoblois qui ont des difficultés budgétaires. « Nous souhaitions faire du conseil à la croisée du financier, du juridique et du social », précise Florence Guilcher, responsable du pôle « inclusion financière » du CCAS.

Le service poursuit trois objectifs : prévenir et traiter le surendettement ; accompagner individuellement les ménages qui en font la demande (aide à la gestion budgétaire, aide à l’apurement des dettes, et, selon le diagnostic, mise en place de la procédure de surendettement) ; détecter des nouveaux publics touchés par des difficultés financières. La plateforme constitue également un centre de ressources pour les professionnels de l’action sociale. Afin de toucher un large public, le CCAS met en avant, dans sa communication, qu’il s’agit d’un service de conseil ouvert à tous et non réservé aux publics de l’action sociale.

Après six ans de fonctionnement, le bilan est positif. La plateforme accompagne une file active de 1 500 personnes par an (pour une population de 160 300 habitants) et la tendance est à la hausse. Elle touche des publics jusque-là inconnus du CCAS, en particulier des travailleurs pauvres. Le service a élargi son activité à la prévention de la précarité énergétique, un accueil spécifique propose un diagnostic, un accompagnement et des aides financières directes. « Nous sommes reconnus par des acteurs très divers du secteur social, par exemple par des services sociaux des entreprises ou par certains organismes confrontés à des impayés », se félicite Florence Guilcher. Un succès qui repose toutefois sur « un travail de longue haleine, une force de conviction à déployer et des contacts à entretenir, tout particulièrement dans le dialogue avec les banques ».

Fort de cette expérience, le centre communal d’action sociale de Grenoble a été associé, en 2012, au groupe de travail « Inclusion bancaire et lutte contre le surendettement » dans le cadre de la conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, à l’origine du dispositif des points conseil budget (PCB). « Sur la question du surendettement, l’important est d’être le plus en amont possible et de lancer les bonnes procédures au bon moment. Dans cet accompagnement, le timing est une clé essentielle », affirme Florence Guilcher. Si elle estime que la phase d’expérimentation, avant la généralisation des points conseil budget, est « nécessaire pour trouver le bon modèle d’intervention », elle regrette toutefois qu’« il soit difficile de mobiliser des fonds sur la question de l’éducation budgétaire »(1) – la plateforme grenobloise « est prise à 100 % en charge par le CCAS ».