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Un ouvrage collectif démonte les idées reçues sur les chômeurs et précaires

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Fatiguées « d’entendre que les chômeurs ne chercheraient pas de travail, qu’ils seraient un poids pour la société, que le système d’indemnisation serait trop généreux ou encore qu’ils seraient responsables de leur précarité », 25 organisations(1) ont contribué à la rédaction d’un ouvrage paru le 19 janvier(2) dans lequel elles déconstruisent les idées reçues sur les chômeurs et les précaires. Assistés, profiteurs, fraudeurs, inemployables…, cette publication née à l’initiative du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) entend « combattre tous les clichés sur les victimes de la crise en valorisant leurs capacités d’action et d’initiative, souvent peu mises en évidence » et se veut « une réponse au reniement, à la passivité et la banalisation du chômage et de la précarité ». Au total, 26 préjugés sont passés en revue, à chaque fois par un contributeur différent qui, après avoir démonté « les raisonnements fallacieux et stigmatisants qui [les] sous-tendent », formule des propositions et des actions concrètes permettant de lutter contre le chômage et la précarité.

L’Association des paralysés de France (APF), qui s’est « engagée naturellement dans la démarche », comme l’a expliqué sa vice-présidente Pascale Ribes lors de la présentation du livre à la presse le 17 janvier, s’est par exemple attachée à déconstruire l’idée selon laquelle « les chômeurs en situation de handicap sont incasables ». Rappelant que l’APF est fortement mobilisée sur la question de l’emploi en raison des difficultés des personnes handicapées à accéder à l’emploi mais aussi à s’y maintenir et à y évoluer, Pascale Ribes a souligné que les freins qui persistent sont liés à la méconnaissance du handicap et à des environnements de travail inaccessibles. Les personnes handicapées sont ainsi victimes de leur supposé manque de performanceet du coût qu’engendrerait l’aménagement de leur environnement de travail.

Autres préjugés battus en brèche, cette fois-ci par la Fédération des acteurs de la solidarité, Emmaüs France et le Coorace : « La formation des demandeurs d’emploi, c’est seulement pour faire baisser les chiffres du chômage ! » et « Les sans-abri ne sont bons à rien, ils sont irrécupérables ! ». Or « un quart des personnes accueillies en centres d’hébergement sont des travailleurs pauvres », a témoigné Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité, en indiquant qu’il y avait énormément d’initiatives associatives pour remettre en activité les personnes éloignées de l’emploi, citant, parmi d’autres exemples, celui du dispositif TAPAJ (travail alternatif payé à la journée)(3). « Ce sont massivement les non-diplômés et les personnes non qualifiées qui sont victimes de la crise et du chômage », a poursuivi Florent Gueguen. « Nous avons la conviction que l’on peut créer de l’emploi, en particulier pour les personnes en situation d’exclusion et les chômeurs de longue durée, à condition de prévoir un accompagnement personnalisé, de la formation professionnelle et des activités adaptées aux personnes », a appuyéThierry Kuhn, président d’Emmaüs France. Qui a insisté sur la nécessité d’agir collectivement pour lutter contre les discours de stigmatisation des chômeurs et des politiques publiques.

La démarche collective va se prolonger par des rencontres-débats à travers tout le pays (qui seront parfois accompagnées de la projection du film de Ken Loach, Moi, Daniel Blake[4]), l’objectif étant, a expliqué Jean-François Yon, ancien président du Mouvement national des chômeurs et précaires et coordinateur de l’ouvrage, de « favoriser une mobilisation plus significative de l’opinion, un renforcement de l’engagement citoyen, afin de peser plus fortement sur les élus pour que soient mises en œuvre des politiques beaucoup plus ambitieuses » et faire ainsi reculer « massivement le chômage et la précarité sous toutes leurs formes ».

Notes

(1) AC !, ADIE, APEIS, APF, ATD quart monde, ATTAC, CFE-CGC, CGT, CIP, Cnidff, mouvement Colibris, Collectif Roosevelt, Coorace, CREPI, DAL, Emmaüs France, Fédération des acteurs de solidarité, France terre d’asile, Jeunesse ouvrière chrétienne, MNCP (et les Amis du MNCP-Partage), Pacte civique, Secours catholique, SNU PE-FSU, Solidaires.

(2) Chômage, précarité : halte aux idées reçues !, préfacé par Ken Loach – Ed. de l’Atelier – 10 €.

(3) Voir à ce sujet notre décryptage dans les ASH n° 2986 du 2-12-16, p. 22 et notre reportage dans les ASH n° 2918 du 10-07-15, p. 24.

(4) Voir ASH n° 2980 du 21-10-16, p. 31.

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