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Les associations et l’Etat une fois de plus divisées sur le bilan de l’hébergement

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« L’un des pires hivers » sur le front de l’hébergement, selon la Fédération des acteurs de la solidarité, un hiver « pas plus difficile que les autres », selon la ministre du Logement Emmanuelle Cosse. Pour les associations, le quinquennat se termine sur un constat d’échec du dispositif d’urgence, tandis que le gouvernement argue d’efforts inédits pour le secteur. En cause : l’effet ciseaux causé par la hausse des besoins et le manque de solutions pérennes vers le logement, seules à même de mettre fin à l’engorgement des dispositifs et à la gestion « saisonnière » de l’hébergement.

Selon la fédération, 23 557 personnes différentes ont appelé le 115 au mois de décembre dans les 45 départements (hors Paris) constituant l’échantillon de son baromètre. Parmi elles, 47 % n’ont jamais été hébergées. Au total, le 115 a reçu 105 406 appels, dont plus de la moitié n’a pas donné lieu à un hébergement. En moyenne, chaque jour, 312 familles, 343 hommes seuls et 87 femmes seules ont appelé le 115 à Paris, a rapporté à l’AFP le SAMU social. Et en fin de nuit, 158 familles, 75 hommes seuls et 43 femmes seules n’avaient pas de proposition d’hébergement.

De son côté, Emmanuelle Cosse a, le 9 janvier lors d’une maraude avec le SAMU social de Paris, défendu qu’avec « 129 159 places au 1er janvier 2017, la mobilisation de l’Etat n’a jamais été aussi forte ». La ministre a fait état, sur l’ensemble du territoire, de 120 000 places pérennes, contre 82 000 en 2012, et de 9 000 places ouvertes pour la période hivernale au 1er janvier. « Face à l’urgence, les efforts seront maintenus pour en ouvrir encore davantage », a-t-elle ajouté, tandis que les associations dénoncent des ouvertures tardives et s’interrogent sur la pérennisation de ces places temporaires. En attendant, la situation conduit toujours les militants pour le droit au logement à dénoncer, par des opérations « coup de poing », le décalage entre le nombre de personnes à la rue et l’existence de bâtiments vacants : à la suite d’une occupation par l’association Droit au logement (DAL), le 7 janvier, d’une aile de l’Hôtel-Dieu, dans le IVe arrondissement de Paris, « 40 places d’hébergement d’urgence, dont la gestion a été confiée à l’association Aurore, sont mises en place à titre provisoire », ont annoncé la préfecture de région et l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.

A cela s’ajoutent les effets de la pression migratoire. Si elle représente un effort salué par beaucoup, l’ouverture, en novembre dernier, du centre de « pré-accueil » parisien pour les migrants n’a pas mis fin à l’installation dans la rue d’exilés non pris en charge. Ni à certaines tensions : tandis que les forces de l’ordre expliquent vouloir éviter la reconstitution de campements, Médecins sans frontières a, le 7 janvier, dénoncé des violences policières visant à disperser les migrants installés dans l’espace public. Contrairement aux témoignages venus du terrain, le centre ouvert dans le XVIIIe arrondissement de Paris « n’est pas saturé, notamment grâce à la fluidité du système qui permet l’orientation sous cinq à dix jours des migrants accueillis », répond la préfecture de région aux ASH. Tous les jours, il « accueille et oriente de manière inconditionnelle de 50 à 80 personnes, de 8 heures à 20 heures, ce qui correspond à l’arrivée moyenne quotidienne des migrants sur la région d’Ile-de-France ». De son côté, Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité, a précisé à l’AFP que la capacité du centre, actuellement de 400 places, doit être prochainement augmentée de 200 places supplémentaires pour mieux répondre aux besoins. Devraient s’y ajouter, à compter du 19 janvier, 91 places ouvertes dans le centre d’hébergement d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), destiné aux femmes et aux familles migrantes, et dont la capacité totale devrait être à terme de 350 places.

Au 10 janvier, 2 237 hommes seuls avaient été hébergés au centre de « pré-accueil » du nord de Paris. Pour quels types de prise en charge par la suite ? Interrogée sur ce point, la préfecture de région indique que, « après évaluation de leur situation administrative, les personnes se voient proposer une orientation vers le dispositif le mieux adapté, sur l’ensemble du territoire national ». Plus précisément, vers des « CHU migrants [centres d’hébergement d’urgence] à Paris et dans les départements d’Ile-de-France pour 50 % d’entre eux », vers des « CAO [centres d’accueil et d’orientation] hors Ile-de-France pour 30 % ». Restent 20 % des personnes concernées par « des départs volontaires mais aussi des [accueils] en centre d’accueil pour demandeurs d’asile ou [par le] dispositif d’aide au retour volontaire ».

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