« La carence d’amour parental nuit gravement au devenir de l’enfant », rappelle Philippe Gaberan, directeur du pôle « éducation spécialisée » de l’Institut de formation et de recherche en action sanitaire et sociale (Ifrass) de Toulouse. Mais qu’en est-il du manque d’affection pour un enfant qui grandit en institution ? A-t-il les meilleures chances de se développer sans relation d’amour avec les adultes qui l’entourent, en particulier son éducateur référent ? En séance d’analyse des pratiques, l’auteur a bien constaté que les professionnels consentent à admettre, dans l’accompagnement au grandir, la présence d’un certain « je ne sais quoi » qu’ils perçoivent intuitivement. Mais de là à parler d’amour ! C’est pourtant ce que fait ici Philippe Gaberan, avec le renfort éclairant de philosophes et de romanciers. Levant les non-dits, les euphémisations et les interdits qui empêchent de penser l’importance de l’amour dans la relation éducative comme point d’ancrage d’une possible inflexion de la trajectoire d’enfants en souffrance, le formateur appelle les éducateurs à se réconcilier avec le verbe « aimer ». « Pour aider l’enfant à s’en sortir […], il faut une force d’impulsion puisant à une autre source qu’un seul savoir-faire technique », insiste-t-il. Bien sûr, l’amour ne suffit pas pour éduquer, mais il permet aux Sisyphe de l’éducation spécialisée « d’apercevoir et d’entendre ce qui se dit et se montre par-delà les apparences » et l’énergie que mettent à les berner ces gamins cabossés. Grâce à cet engagement affectif qui porte en avant, encourage au dépassement et donne à espérer, « “ça marche”, la relation éducative » !
Oser le verbe aimer en éducation spécialisée. La relation éducative 2
Philippe Gaberan – Ed. érès – 23 €