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« Développer une science de l’action de terrain »

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Le 28 novembre, l’association Resolis (Recherche et évaluation de solutions innovantes et sociales) organisait des rencontres venant conclure un programme de trois ans sur la pauvreté. Réunissant près de 200 représentants du monde politique, associatif, académique et de l’entreprise, elles ont permis de dégager dix pistes d’actions pour repenser le modèle français de solidarité. Explications d’Agnès Chamayou, directrice de programme.
Dans quel contexte ces rencontres s’inscrivaient-elles ?

Elles ont clôturé un programme de trois ans sur la pauvreté en France, financé par la Fondation Bettencourt-Schueller. L’objectif était d’identifier et d’analyser des actions de terrain qui répondaient de façon originale aux différentes formes de précarité, en nous intéressant aux solutions en matière d’accès au logement, à l’emploi, aux droits… Nous avons mené ces travaux dans dix territoires divers par leur taille, leur localisation et leur taux de pauvreté(1) et avons travaillé essentiellement avec les mairies et les associations. Une centaine d’étudiants (surtout issus des filières de sciences politiques) ont mené des entretiens pour décrire le retour d’expérience de près de 200 initiatives locales, qui ont été restituées sous forme de fiches synthétiques, publiées dans notre observatoire après relecture de notre comité éditorial(2). Après cette collecte de données objectives, nous avons organisé dans certains territoires des rencontres entre les acteurs locaux pour échanger et mutualiser leurs savoirs. Nous avons été frappés de constater que ces derniers se connaissent assez partiellement, ce qui est un frein pour la coordination de leurs actions. Ces rencontres locales ont suscité des synergies.

Quels autres constats avez-vous faits ?

En croisant les différentes initiatives, alors que les contextes sont différents, on se rend compte que les difficultés sont les mêmes d’un territoire à l’autre et qu’il y a une série d’enjeux communs à tous les acteurs : le fait de travailler en réseau, de s’implanter sur le territoire, de mieux impliquer les bénéficiaires, d’évaluer les impacts de ses actions… Pour Resolis, la capitalisation et la publication de ces expériences sont un moyen de développer une « science de l’action de terrain ». Notre association(3) est animée par une culture scientifique et porte l’idée que la structuration de l’action sociale peut s’appuyer sur la règle d’or des scientifiques qui consiste à publier les savoirs après avoir validé les résultats. Cela permet notamment d’identifier les facteurs de réussite des bonnes pratiques utiles à d’autres porteurs de projets, qui pourront ainsi les transposer.

Quels étaient les objectifs des rencontres ?

Outre la valorisation de l’inventivité des acteurs locaux, nous voulions faire réfléchir ensemble les acteurs pour identifier des pistes d’actions inspirées de solutions qui fonctionnent sur le terrain et interpeller les pouvoirs publics. Le matin, nous avons réuni les participants par ateliers thématiques – éducation, précarité alimentaire, énergétique, surendettement, culture, non-recours, impact social et nouvelles formes de solidarité. Une dizaine d’axes de réflexion ont émané de ces échanges, qui ont ensuite été affinés l’après-midi lors d’une session plénière.

Quels sont les principaux axes ?

Les propositions les plus importantes sont celles liées à l’échelle du territoire, qui est le bon niveau pour agir sur le plan social, pour répondre de façon la plus fine. Le travail en réseau a été reconnu comme un élément essentiel pour répondre aux défis de transversalité et de complexité que renferment les situations de pauvreté. Une autre proposition concerne les bénéficiaires et l’importance de les placer au cœur de tout le système, avant, pendant et après la mise en œuvre des actions. Les participants ont aussi insisté sur la nécessité de réformer l’évaluation afin de mieux prendre en compte les aspects qualitatifs et le temps long dans lequel s’inscrit l’action sociale. La mesure d’impact social peut être une riche source d’inspiration. Face aux taux de non-recours qui montrent l’essoufflement de nos politiques publiques, ils ont appelé à accélérer le mouvement de simplification de notre système social.

Quelles vont être les suites ?

Resolis va faire vivre et porter à la connaissance des pouvoirs publics ces dix propositions. Nous réfléchissons à la généralisation de notre démarche pour systématiser ce travail d’observation et de mémoire de l’action sociale utile à l’évolution des politiques publiques. Ces développements s’appuieront sur les nouvelles technologies numériques ainsi que sur l’élargissement de notre plateforme de publication.

Notes

(1) Aubervilliers, Avignon, Grenoble, Lille, Roubaix, Saint-Denis, Seine-et-Marne, Villeurbanne, les XVe et XIXe arrondissements de Paris.

(2) En accès libre sur www.resolis.org.

(3) Présidée par Philippe Kourilsky, professeur émérite au Collège de France.

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